Les Ermiteux
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L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux

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Message  Draka Ven 23 Aoû 2024 - 19:20

«L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi », et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux

/// Récit RP inspiré par le jeu World of Warcraft, pour la guilde des Ermiteux
/// Idée originale et contraintes précises de Messire Pipiche (rédaction Draka)
/// Note de lecture : le personnage principal de cette histoire étant non genré, « Pipiche », l’un des fondateurs des Ermiteux, sera évoqué parfois au masculin, parfois au féminin.


jocolor  Chapitre 1 – La Charge du Sanglier
jocolor  Chapitre 2 – La Hargne du Corbeau
jocolor  Chapitre 3 – L’Instinct du Loup
jocolor  Chapitre 4 – La Ruse du Singe
jocolor  Chapitre 5 – La naissance des Ermiteux
jocolor  Epilogue : L’Aube de la Demi-Divinité


I love you Musiques d'accompagnement du texte: Le Dernier des Mohicans (bande-son)





I love you Illustration dessinée par Drakaka à la tablette graphique:

L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux Pipich10


Chapitre 1 - La Charge du Sanglier


L’aube se levait sur l’immense étendue verdoyante. Les oiseaux pépiaient en chœur, tandis que le ciel se parait d’une lumière rose orangée. Les longues plaines vallonnées de Mulgore, et leurs multiples pins élancés, s’étiraient sous le regard de ceux qui parvenaient à monter sur les mesas. Une chaîne de montagnes enclavait ces terres ancestrales. Les pumas laissèrent leur terrain de chasse aux loups. Les canidés courront bientôt inlassablement derrière les trottineurs de Mulgore qui peuplaient ces lieux depuis des milliers d’années. Les puissants kodos traçaient la route, effectuant de longues boucles immuables sur ce territoire sauvage, sans se soucier des tribus belliqueuses de Harpies, de Gnolls et d’Hurans Dos-Hirsutes, qu’ils croisaient de-ci de-là aux pieds des montagnes et des pitons rocheux.
   
Ces humanoïdes étaient ailés et griffus pour les premiers, et vénéraient un Ancien demi-dieu ailé du nom de Aviana. Poilus, et de petite taille, pour les seconds. Quant aux derniers, leur espèce était hybridée avec des sangliers. Ils descendaient du demi-dieu sanglier Agamaggan, et lui vouaient un culte absolu. Ces trois bandes se livraient à une guerre de territoire depuis des temps immémoriaux. Un jour, pour grappiller ici un bout de plaine. Un autre, pour accéder là au lac Taureau-de-Pierre, dont la surface habituellement à peine ridée ne se troublait que lors de ces joutes routinières. Ces querelles étaient tellement fréquentes, que même les poissons n’y faisaient plus attention.  
 
Parfois, les tenaces Centaures venaient faire une percée sur ce territoire ancestral. Mais ils étaient férocement repoussés vers la frontière des Tarides, qui jouxtait Mulgore. Il arrivait aussi que l’on voit courir dans les plaines leurs principaux ennemis : les Taurens, descendants des Shu’halos. Ces humanoïdes cornus, dotés de sabots, et d’une force redoutable, étaient doués pour la chasse, particulièrement au kodo sauvage. Ils étaient aussi à la recherche d’herbes locales, et de minerais pour leur artisanat très développé. Mais ils étaient surtout dotés d’une grande sensibilité envers l’équilibre de la nature sacrée, et d’une grande intelligence.

Mulgore était le lieu parfait pour se sentir au plus proche de la Terre-Mère, leur divinité principale, bien que leurs croyances ne se résument pas seulement à celle-ci. Ils évitaient le plus possible les autres tribus d’humanoïdes déjà présentes en ces lieux, car ils n’appréciaient guère les conflits. Ils se rendaient pourtant régulièrement à Mulgore autant la nuit, que le jour.  
 
La Terre-Mère était, dit-on, omnisciente : pour être touché par sa grâce, il fallait s’en imprégner tant de nuit - car la plus grande des lunes du monde d’Azeroth, Mu’sha, était son œil gauche – que de jour, car le soleil, An’she, était son œil droit. Mais c’était dans les lueurs de l’aube que son aura omnisciente était la plus perceptible.

Peut-être était-ce pour cela que le petit panier en osier avait été déposé à ce moment, en silence, sur le lac Taureau-de-Pierre ?  

Ainsi s’équilibrait la région. Les tribus d’humanoïdes ne se souciaient guère de ce qui se tramait hors de leurs frontières, et repoussaient inlassablement les peuples venant de l’extérieur, tant les Centaures, que les Taurens. Les Hurans Dos-Hirsutes étaient capables de s’organiser, bien que moins polyvalents que les Taurens. Ils savaient construire des huttes, et des autels consacrés à leur divinité porcine. Les Hurans avaient occupé tout le sud de Mulgore et s’y étaient depuis multipliés.

Les tribus Gnolls alentours, beaucoup moins structurées, avaient dû migrer plus au nord. Elles occupaient quelques grottes, tentant de moins en moins souvent d’effectuer des raids sur leurs puissants voisins.
 
Quant aux Harpies, elles ne quittaient presque jamais leurs nids. Elles s’ébattaient dans les sous-bois, au pied des montagnes. Aussi, les autres espèces territoriales les laissaient généralement en paix. Comme elles avaient tendance à voler ce qui brillait, pierres précieuses, minerais, et même, poissons fraîchement pêchés, il arrivait tout de même que des incursions soient menées pour récupérer les butins chapardés. Elles se défendaient alors griffes et ongles, et leurs cris perçants résonnaient dans la plaine.
   
Aucune de ces trois tribus n’avait assisté, ce matin-là, à « l’offrande » du bébé Tauren au lac Taureau-de-Pierre. En ce jour sacré de prière, cette calme étendue d’eau était considérée comme le miroir de l’âme de la Terre-Mère.
 
Il dormait encore paisiblement, emmailloté dans un lange serré, quand les brumes de l’aube cédèrent la place à l’atmosphère boisée caractéristique de la région. C’est alors que le vagissement puissant de la petite créature déchira la quiétude ambiante. Une volée d’oiseaux s’envola dans un fracas de battements d’ailes.
   
C’est ce qui alerta le groupe d’une vingtaine d’Hurans Dos-Hirsutes, qui passaient non loin à la recherche de Gnolls et autres Taurens égarés à capturer. Ils étaient en liesse, car ils venaient de mettre en déroute une bande de Taurens venus depuis les Tarides prier ici. Les créatures mi-humanoïdes mi-sangliers poussèrent des cris stridents en apercevant le panier qui dérivait lentement vers les berges du lac. Ils se précipitèrent dans sa direction.

Leur chef, Krounch Tranche-boyau, s’avança en premier. Il pencha sa tête, au groin volumineux, au-dessus du panier. Puis il ouvrit la gueule de surprise. Le petit Tauren cessa alors de pleurer, fixant l’imposante créature à la crinière hérissée de poils hirsutes. Puis il se mit à gazouiller, essayant d’attraper ses défenses. Elles étaient si proches, qu’elles le touchaient presque. Le souffle fétide du Dos-Hirsute ne semblait pas l’incommoder.
   
Le chef fut tellement surpris à la vue du Taureneau, qu’il recula, et se prit les pieds dans les hautes herbes de la rive. Il tomba dans l’eau en poussant un couinement aigu. Il n’en fallu pas plus pour que la jeune créature éclate d’un rire cristallin, malgré la faim qui commençait à lui tenailler le – ou les ? - estomacs. Les autres Dos-Hirsutes poussèrent un cri de rage. Ils se saisirent du panier, et alors qu’ils s’apprêtaient à jeter le bébé à l’eau, l’un d’eux remarqua quelque chose qui brillait autour de son cou.
   
Un collier ! Il étincelait de mille feux, avec sa pépite d’or, ses pierres précieuses, et quelques dents autour, qui semblaient finement gravées. Il y avait là des dents de sangliers ! Entre autres espèces. Ainsi qu’une petite patte d’oiseau. Et ces deux pierres rouges, de chaque côté de la pépite…
 
Rouge comme le sang d’Agamaggan ! Leur bien-aimé demi-dieu sanglier ! Des joyaux de sang ! Le chef, qui venait de se relever, intima l’ordre de poser le panier sur l’herbe. Il détailla le bébé. Ce Taureneau de quelques mois avait visiblement été abandonné. Mais il n’avait encore jamais vu cela auparavant. Ces grands humanoïdes cornus à la force exceptionnelle prenaient tous soin les uns des autres, et vivaient en clan soudés, d’après ce qu’ils constataient en les voyant souvent passer. Par quel miracle celui-ci s’était-il retrouvé là, isolé?
   
Fouillant dans le panier, il trouva une bourse en peau de kodo. A l’intérieur se trouvait un curieux mouchoir brodé de différents motifs d’animaux. Parmi eux, le dessin d’un sanglier. Voilà quelque chose qu’il n’avait encore jamais vu. Perplexe, il se gratta la tête, ce qui fit rire à nouveau le bébé. Puis il poussa des grognements à ses congénères, qui signifiaient « On rentre ! ». Il devait absolument emmener cet être vivant, le collier, et le berceau, au campement, pour aviser de la situation à la grande Mande-Epines Grousha Tranche-boyau.  
 
Après avoir consulté l’Oracle, le verdict fut sans appel. La petite créature Taurene ne pouvait être qu’une envoyée des Dieux Anciens. Du demi-dieu Agamaggan, lui-même ! Un riche présage de bienfaits à venir pour leur clan. Ils devaient s’occuper du bébé comme s’il était l’un des leurs, et se garder de le déguster en rôti, ou de le mêler à des mixtures savantes de leur cru, sans quoi les foudres divines risquaient de s’abattre sur eux.
 
Grousha Tranche-boyau installa le bébé dans la Grotte Sacrée, au fond du ravin. Puis elle intima l’ordre aux Chasseurs d’y ramener des gazelles allaitantes, et des œufs de trotteurs, pour nourrir le Taureneau qui recommençait à hurler de faim. Ils avaient aussi vu des Taurens manger du goujon brillant pêché au lac Taureau-de-Pierre. Alors la mégère spirituelle somma des pêcheurs de concocter des bouillies de poisson.
   
Plusieurs années passèrent. Fatigués par les cris de joie que poussait le - ou la - jeune Taurene, les prisonniers Gnolls assistaient inlassablement à la même scène tous les matins. Le petit montait sur le dos d’un garde, s’accrochait à ses poils hirsutes, et le fouettait avec une branche de sapin pour le faire courir plus vite. « Yiiiii aaahhh ! Hue Hue !! Pssshiiiiiit Pshiiiiiit! ». Comme il faisait souvent « Pshiiit  Pshiit », il fut appelé Piche. Puis très rapidement, Pipiche. Et parfois, tout simplement Pipi.
   
Sa nourrice Dos-Hirsute, ainsi que le reste du campement, lui passait tous ses caprices. Seul le chef Krounch Tranche-Boyau ne croyait que modérément au fait qu’il s’agisse là d’un envoyé du demi-dieu. Il songeait plutôt à un abandon, mais cela était très atypique pour des Taurens. Toujours est-il qu’il n’était pas tendre avec le petit. Il le réprimandait souvent. Ce qui ne manquait pas de courroucer Grousha, et la nourrice, qui craignaient que l’esprit d’Agamaggan ne les punisse pour mauvais traitements envers son protégé.  
 
Il n’y avait qu’une chose qui était interdite à Pipiche : sortir du camp, et parler aux prisonniers ! Ceux-ci étaient la plupart du temps des Gnolls, ou des Harpies voleuses.
 
Il arriva un jour que les Dos-Hirsutes capturent deux Taurens guerriers. Ils étaient restés trop en arrière de leur petite tribu. Les prisonniers avaient ouvert des yeux ronds en voyant l’un des leurs, si petit, chevaucher farouchement un Dos-Hirsute en poussant des cris de guerre. Ils furent ébahis devant tant de puissance. Sans nul doute un futur grand guerrier !

Ils lui hurlèrent alors un grand nombre de phrases, incompréhensibles, et des encouragements. Mais le jeune Tauren ne parlait pas le Taurahe. En les voyant, le petit prit peur, et se réfugia dans les poils de sa nourrice, qui lui interdit de les approcher. Il ne sut pas ce qu’il advint des prisonniers. Comme pour les autres, un jour ils étaient là. Un autre jour, les cages étaient vides.
 
Les disparitions coïncidaient souvent avec des rituels importants et la préparation dans le chaudron sacré de nombreuses mixtures à l’odeur très forte et aux émanations vaporeuses colorées.
   
Au fil des ans, le jeune Tauren Pipiche appris l’art de la guerre en observant ces hommes sangliers se battre contre les Gnolls. Mais leurs techniques n’étaient pas très variées. Leur plus grande force était dans leur habileté à charger l’ennemi, tout habités qu’ils étaient par l’esprit du Sanglier. Pipiche reproduisit rapidement cet art avec succès.

Il ébranlait ainsi les pins, pour faire tomber des pommes au sol, qu’il aimait ensuite à lancer sur sa nourrice. Comme cela s’accrochait dans les poils, très vite, elle-même ressemblait à une pomme de pin géante.

Rapidement, il s’ennuya. Aussi inventa-t-il une nouvelle technique, pendant qu’il chargeait : à l’aide de deux grosses branches de pin, il tourbillonnait sur lui-même en poussant un cri ravageur.
 
Les gardes, qui le laissaient s’agiter tout seul dans son coin d’ordinaire, vinrent assister à cette nouvelle parade avec curiosité. Bien mal leur en a pris. Deux d’entre eux furent irrémédiablement éborgnés. La nourrice lui confisqua les branches. Qu’il retourna chercher dès le lendemain.
   
Il était beaucoup trop lourd à présent pour chevaucher un Dos-Hirsute, aussi le laissèrent-il finalement s’amuser à inventer de nouvelles manières de se battre.  

Il n’y eut que le jour où il renversa le chaudron sacré, d’où dépassait un bras de Gnoll, qu’il se fit sermonner vertement devant tout le camp par le chef Krounch. Mais la Grande Mande-Epine fit ensuite beaucoup d’offrandes à Agamaggan pour se faire pardonner le fait que l’un des siens ait contrarié la divine créature.
   
Quelques années passèrent à nouveau. Pipiche avait mis au point de nouvelles façons de se battre. L’une d’entre elles consistait à faire semblant d’être désorienté, pour fondre dans le dos de l’ennemi et le frapper sauvagement. Les gardes, qui lui servirent d’entraînement, esquivaient tout de même ses coups, mais si cela avait été un vrai ennemi, nul doute qu’il aurait trépassé sans avoir le temps de comprendre pourquoi.

Mais cette vie tranquille n’allait pas durer longtemps...

... à suivre



Dernière édition par Draka le Ven 23 Aoû 2024 - 19:31, édité 2 fois
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L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux Empty Re: L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux

Message  Draka Ven 23 Aoû 2024 - 19:26

Chapitre 2 - La Hargne du Corbeau


Le drame arriva lors d’une journée ordinaire. Pipiche se leva comme d’habitude, en même temps que le soleil. Sa nourrice Dos-Hirsute avait cuisiné dehors de bon matin pour lui fournir son premier repas du jour. Les œufs de trotteur, la purée de goujon, et le lait de gazelle de sa prime enfance avaient laissé place à des menus plus consistants, similaires à ceux que mangeaient les hommes-sangliers.

Il secoua ensuite sa paillasse, et débroussailla sa crinière. Comme d’habitude. Puis il enfila son pagne en peau de puma, et sortit faire ses ablutions. Comme d’habitude. Il voulut respirer un grand bol d’air. Mais contrairement à d’habitude, il retourna bien vite dans sa Grotte.

L’air empestait un fumet de… ? Il paria que tous les prisonniers dans les cages avaient encore disparu !

La Mande-Epines avait certainement concocté pendant la nuit une potion secrète dans le chaudron magique de la hutte du chef Krounch Tranche-Boyau. Dans la hutte où il avait l’interdiction d’entrer. Il y aurait sans doute un rituel sacré aujourd’hui. Un de plus. Et d’après l’odeur, ce devrait même être le plus important de l’année.

Il avait déjà vécu cet évènement par le passé : les Dos-Hirsutes entraient en transe, après que chacun ait bu la potion magique. Ils levaient les bras au ciel, et adressaient des prières au demi-dieu Agamaggan Chacun, sauf lui, devait boire cette mixture étrange. Ce qui arrangeait bien les affaires du Tauren, car Pipiche n’en supportait pas l’odeur. Or, il faisait confiance à son instinct en toutes circonstances.

La nourrice lui expliqua qu’un jour, en jouant à côté du chaudron, il avait fait tomber dedans un garde qu’il avait lesté de pommes de pin, avec quelques queues de rat ; ce qui avait enfumé tout le campement et généré des mutations dans la formule sacrée.

Les Dos-Hirsutes avaient eu des hallucinations toute la journée, se pourchassant les uns les autres, pensant qu’ils avaient affaire à une invasion de rats géants. Pipiche avait trouvé cela très drôle.

Pour jouer avec eux, il s’était fabriqué une longue queue de rat, et des moustaches avec les poils de sa nourrice, qu’il avait enduits de résine de pin. Après avoir bu la potion comme les autres, elle avait bien voulu jouer.

Ce fut l’un des meilleurs souvenirs de sa courte vie au campement des Dos-Hirsutes. Mais depuis hélas, le chef avait obtenu le droit de lui interdire l’accès à sa hutte. Or, tout ce qui était interdit, l’excitait au plus haut point. Il avait essayé à de nombreuses reprises de pénétrer dans « le lieu de tous les secrets », mais des gardes étaient constamment postés à l’entrée.

Or, il y avait peut-être une chance qu’il en soit autrement aujourd’hui. C’était un jour spécial. Pipiche se dirigea plein d’espoir vers la source du fumet. Chaque Dos-Hirsute qui le vit passer se pencha jusqu’au sol, car c’était le jour de l’hommage suprême à Agamaggan.

Arrivé sur la place centrale du camp, Pipiche constata avec dépit qu’il y avait toujours les gardes. Non seulement, ils n’avaient pas bougé, mais d’autres s’étaient aussi postés autour de la hutte. Il devait se tramer des choses vraiment, vraiment très secrètes à l’intérieur.

Une fumée épaisse aux teintes changeantes allant du gris au beige s’échappait du toit de la grande yourte en branchages. L’entrée avait été dissimulée par un voile en plumes de Harpies.

Pipiche commença à sautiller devant l’entrée, avant de se faire chasser par les gardes. Vexé, il partit en traînant les sabots, faisant rouler les cailloux, pour bien démontrer son mécontentement.

Alors qu’il retournait méditer dans sa grotte, pour trouver un moyen de déjouer l’attention des gardes, il eut la surprise de constater que l’une des cages des prisonniers était encore occupée ! Une idée germa aussitôt. S’il libérait ce prisonnier « oublié », voilà qui devrait créer une diversion. Il en profiterait alors pour passer la tête à l’intérieur de la hutte. Juste la tête.

Les Dos-Hirsutes n’avaient pas de secrets pour lui, d’ordinaire. Pipiche était rongé par la curiosité. Cela le poussa à libérer le prisonnier, malgré son appréhension. Il ne s’approchait guère en effet des créatures hurlantes et gesticulantes contenues dans ces cages.

Cet interdit là lui convenait tout à fait, car depuis qu’il avait croisé le regard des prisonniers Taurens dans sa petite enfance, il avait développé une phobie de ces cages. Ce qui ne l’avait pas empêché de subtiliser de nombreuses clefs aux gardes, juste pour le plaisir de les cacher et de les faire chercher.

Il alla en déterrer une au pied d’une racine, sa meilleure cachette, et se saisit du petit crochet en os taillé. Il n’y avait plus aucun garde dans les environs. Pourquoi avaient-ils laissé ce prisonnier ? Il s’approcha. Cette silhouette massive. Cet amas de poils. Cette fourrure… Il s’agissait d’une autre de ces créatures terrifiantes qu’il avait vues au camp quand il était petit.

La nourrice les appelait des « Taurens ». Ils étaient effroyablement grands, et leurs yeux ne reflétaient pas leurs intentions, contrairement à ceux des Dos-Hirsutes. Pipiche était terrifié, mais, il s’ennuyait tellement dans ce camp… Et il avait tellement envie de voir ce qu’il y avait dans la hutte du chef… Aussi prit-il son courage à deux cornes.

Après tout, ce Tauren semblait moins agressif que ceux qu’il avait rencontrés il y a longtemps. Et puis, il semblait très « vieux », comme les Hurans qui avaient le poil blanc, et qui marchaient lentement. Et puis, il semblait « malade », comme quand on mange de la viande de Gnolls sans l’avoir fait bouillir assez longtemps.

En l’observant, Pipiche ressentit une vague impression de familiarité. Il avait une queue, comme lui. Des sabots. Des cornes. Des petites oreilles tombantes. Mais l’analogie s’arrêtait là.

Pipiche n’avait pas une carrure aussi massive, avec ces larges épaules, cette longue barbe, et cette avalanche de poils blancs, qui tombait en cascade dans le dos du vieux Tauren. Non, Pipiche ne pouvait pas être un Tauren selon lui, car c’était un grand Dos-Hirsute. Le plus grand de tout le campement ! Ce qui était normal, pour un envoyé du demi-dieu Agamaggan.

L’ancien Tauren leva un bras tremblant à travers les barreaux de la cage. Il marmonna des paroles incompréhensibles pour le jeune Pipiche, qui s’approchait lentement.

La hutte du chef n’était qu’à quelques dizaines de pas, nul doute que les gardes accourraient rapidement, quand il sonnera l’alerte pour « l’évasion » de ce prisonnier. Le chemin sera alors libre !

À moins qu’ils ne le croient plus, étant donné qu’il sonnait l’alerte pour se distraire régulièrement. Mais il fallait essayer. Mieux valait agir, que de rester là à imaginer tout ce qui pouvait se tramer dans ce lieu secret. Aussi, Pipiche tenta le tout pour le tout.

Il tendit fébrilement la main vers la cage ; le vieux Tauren avait les yeux plissés. Il l’avait observé depuis plusieurs semaines en silence, interloqué. Cet enfant, ce petit des leurs, avait été privé des enseignements de la Terre Mère, et se comportait comme… un homme-sanglier. Il ignorait probablement qui était Mu’Sha, qui était An’she. Où était sa tribu ? A quel clan appartenait-il ? Etaient-ils donc tous morts, pour l’avoir abandonné ici ? Et comment se faisait-il que les hommes-sangliers lui vouent un culte?

Alors que Pipiche insérait le crochet dans le loquet grossier, faisant ensuite céder le gond, le vieux Tauren lui saisit le bras et l’attira contre lui. Il tenta de lui communiquer toute la chaleur bienveillante Taurene dont il était capable. Mais le petit le repoussa violemment.

À la vue de Pipiche s’enfuyant en hurlant, poussant des couinements de cochon qui signifiaient « Alerte évasion » en langage Huran, il poussa un profond soupir en secouant la tête.

Clopin-clopant, le vieux Tauren, qui était à l’article de la mort – ce qui était le motif pour lequel la Mande-Epines n’avait pas voulu l’inclure dans sa préparation, craignant la maladie – ressentit un surplus d’énergie. C’était comme si la Terre-Mère elle-même le portait, lui insufflait l’énergie pour qu’il se lève. Porté par ses croyances, il fila droit vers la sortie du camp.

Alertés par les cris de Pipiche, la plupart des gardes se dirigèrent vers la cage, surpris que le vieux prisonnier ne soit pas encore mort. Ils n’eurent pas le temps de réagir quand ils le virent s’échapper dans un nuage de poussière. La diversion de Pipiche avait fonctionné. Ni une, ni deux, il se mit à charger en direction de la porte d’entrée de la hutte interdite, tout en tourbillonnant.

Ce qu’il y découvrit dépassa tout ce que son imagination pourtant très fertile avait supposé. Des têtes coupées, posées sur des étagères en branchages. Des têtes de Gnolls, de Harpies. Des tas d’ossements. Le sol imbibé de sang. Ce chaudron bouillonnant, dont s’échappait cette odeur nauséabonde…

Les gardes se précipitèrent pour le faire sortir. Mais Pipiche était hébété, ne comprenant pas ce qu’il voyait. Il resta figé devant le chaudron.

Or, lorsque la jeune guerrière avait des frayeurs, ou qu’elle était contrariée, son corps réagissait en émettant des salves de méthane.

Le gaz se mélangea alors aux émanations chimiques de la mixture étrange. Ce qui devait arriver arriva. Alors que le chef Krounch venait d’entrer pour lui hurler dessus, il fut soufflé par l’explosion avec ses gardes. Les Hurans furent projetés hors de la hutte, dont le toit s’enflamma.

Pipiche, toujours debout, les poils roussis, surtout ceux des jambes – qui ne devraient alors plus jamais repousser – se précipita dehors. Les flammèches retombaient de tous côtés. Le chef avait la tête en feu. Il se précipita vers la sortie du camp pour se diriger vers le lac, avec la grande Mande-Epines sur ses talons. L’un des deux gardes était décédé. L’autre gisait, gravement blessé au sol.

« L’incident » aurait pu en rester là. Après tout, ce n’était pas le premier du genre depuis que Pipiche vivait avec eux. Mais ce fut ce moment que choisirent les Gnolls pour mener une attaque sur le campement des Dos-Hirsutes.

Leurs effectifs avaient en effet grandi depuis qu’une nouvelle bande les avait rejoints. Les hommes-sangliers grignotaient de plus en plus de territoire au sud de Mulgore, et les Gnolls comptaient bien profiter de cette nouvelle alliance pour repousser leur ennemi dans le ravin.

Ils faisaient le guet, cachés derrière les pins. Ils savaient que les Hurans Dos-Hirsutes entraient en transe une fois par an, et que le moment était arrivé.

Depuis leur cachette, ils virent sortir à toutes pattes le chef enflammé en proie à d’atroces souffrances. Il était suivi de près par la redoutable Mande-Epines des Dos-Hirsutes. Les gardes de l’entrée se grattaient la tête, désemparés.

C’est ce moment précis que les Gnolls choisirent pour attaquer. Ils fondirent par dizaines sur l’entrée du ravin, se précipitant à l’intérieur du campement pour incendier les nombreuses huttes de bois, dégrader les lieux de culte, tout en attaquant les gardes.

Le jeune Pipiche, désemparé, vit soudain arriver la bande de Gnolls. Il se saisit alors de ses branches, et, se souvenant de toutes les techniques qu’il avait lui-même élaboré, poussa un hurlement de guerre avant de charger férocement sur l’ennemi en tourbillonnant.

Les Gnolls, surpris par ce Tauren belliqueux qui n’avait rien à faire ici, poussèrent des piaillements gutturaux et certains firent marche arrière par réflexe. Mais Pipiche ne comptait pas les laisser s’en tirer à si bon compte. Il en poursuivit quelques-uns jusqu’à l’entrée du ravin. Les gardes Dos-Hirsutes, occupés à se battre, n’eurent pas le réflexe de lui bloquer la route, comme l’avait ordonné la Mande-Epines.

Le précieux envoyé du demi-dieu ne devait pourtant jamais sortir du camp, sans quoi ils perdraient leur porte-bonheur !

C’est alors qu’une deuxième attaque surprise intervint. Les Harpies avaient assisté de loin au regroupement suspect des Gnolls. Elles les avaient vus se cacher non loin de l’entrée du campement des Dos-Hirsutes. Elles eurent vite fait de comprendre qu’un raid se préparait. Or, ces hommes-sangliers leur avaient dérobé bon nombre de leurs précieux butins. Ou plutôt, ils les avaient récupérés. Elles se concertèrent, et décidèrent d’un commun d’accord de profiter de l’attaque à venir pour aller fouiller les huttes, et récupérer leurs précieuses marchandises.

Quand elles virent les Gnolls foncer, elles emboitèrent leur pas, invoquant la bénédiction de leur divinité bien-aimée, Aviana. Aviana était un demi-dieu, tout comme Agamaggan. Certains disaient qu’elle ressemblait à une Harpie, d’autres à un grand Corbeau. Ce serait cette divinité qui leur aurait conféré leurs sorts offensifs de magie de la nature.

L’une des Harpies parvint à atteindre la grotte sacrée. Celle où avait été entreposés le berceau de Pipiche, et ses cadeaux de naissance. Le collier était en évidence, posé soigneusement sur un piédestal fait de branches et de mousses.

La Harpie matriarche poussa un caquètement d’exaltation. Elle s’en empara. Puis elle le mit autour de son cou, et siffla le cri de ralliement qui signifiait que l’objectif du raid avait été atteint. Il avait même été largement dépassé, vu la richesse de cet artéfact, qui surpassait de loin tous les butins que les Hurans leur avaient repris. Les Harpies se rassemblèrent alors rapidement, tandis que les Gnolls et les Dos-Hirsutes étaient toujours occupés à se battre. Elles volèrent droit vers la sortie.

Mais c’était sans compter sur Pipiche. Il vit le collier, autour du cou de la grande Harpie. Il comprit de suite qu’elle voulait lui voler son « précieux ». Cet objet, qui faisait de lui un demi-dieu !

Le sang ne fit qu’un tour dans ses veines. Il hurla. Puis il chargea le volatile, qui poussa un caquètement strident. Alors que Pipiche allait se jeter sur elle, alors qu’il la touchait presque, il se prit les sabots dans l’une des nombreuses racines protubérantes du ravin. L’une des branches de pin qu’il venait de récupérer partit toute seule. Tournant sur elle-même, elle alla se ficher droit dans les ailes de la créature volante, qui tomba lourdement.

Les autres Harpies voletaient en désordre autour de leur cheffe, désemparée, les bras plein de butins. Que fallait-il faire ? Aider leur sœur à se relever, et perdre leurs précieuses cargaisons ? Ou bien la laisser là ? L’une d’elles finit par se décider. Lâchant des breloques et quelques objets brillants au sol, elle entreprit de soulever sa congénère.

Ce temps d’hésitation fut décisif. Pipiche se précipita à nouveau sur l’attroupement, qui s’écarta pour ne pas se prendre la terrible Charge du Sanglier. Il fonça droit vers la grande Harpie, et sa congénère qui essayait de la relever tant bien que mal. Il se jeta sur le collier. D’une main habile, il parvint à ôter du cou de la voleuse le précieux, passant outre les coups de griffes et les hurlements de désespoir qui lui vrillaient les tympans.

Les Harpies étaient meilleures au combat à distance, qu’au corps-à-corps. Elles n’avaient aucune chance face à tant de puissance sauvage. Mais leur nombre faisait leur force…

Pipiche se releva, victorieux, brandissant au soleil le précieux collier. Il constata alors qu’une vingtaine de Harpie l’encerclaient, et commençaient à invoquer des sorts de la nature contre lui.

Alors qu’il s’apprêtait à lâcher une salve de méthane dévastatrice, et à donner des coups de sabots, car Pipiche n’était jamais à court de ressources, un croassement lugubre se fit entendre. Terrifiés, les volatiles humanoïdes se dispersèrent, lâchant tous les trésors qu’ils transportaient.

C’est émerveillé que le jeune Tauren contempla l’oiseau noir majestueux qui descendait en cercle. Le corbeau se posa non loin, dans le ravin, sur une grande racine protubérante. Ils se regardèrent quelques secondes. L’oiseau pencha la tête d’un côté, puis de l’autre. Il croassa plusieurs types de cris. Pipiche sentit alors la Hargne monter en lui. C’était la même rage que tout à l’heure, quand il avait vu son artéfact au cou de la voleuse.

Après la Charge du Sanglier, était-ce là une nouvelle technique de combat divine ? La Hargne du Corbeau ? L’oiseau lui jeta un dernier regard, puis s’envola et disparut dans le ciel de Mulgore.

Le calme qui régna à ce moment-là paru surnaturel. Pipiche sut instinctivement qu’il était temps de partir. Il se dirigea solennellement vers la sortie, le collier à la main. Il était fasciné par la vision du Corbeau. Avait-il rêvé tout ceci ? Il ramassa deux autres branches de pin, et rajusta son pagne en peau de puma. Timidement, il se dirigea vers le tunnel de sortie qui allait le conduire vers le chemin interdit. Celui de la liberté. L’exaltation le submergea. L’aventure l’appelait !

Ce qu’il ne vit pas en tournant le dos au campement de son enfance, fut sa nourrice Dos-Hirsute. Elle observait son départ depuis le grand pin où elle s’était cachée pendant l’attaque. Elle esquissa un geste d’adieu. Une larme roula à travers ses poils drus.

Il était inutile de retenir un être aussi divin, qui non seulement bénéficiait de la protection du demi-dieu Agamaggan, mais également de celle d’Aviana. La divinité des Harpies. Celle-ci venait de se manifester dans le camp sous les traits du Grand Corbeau. Du moins, cela y ressemblait fort ! Ou bien, était-ce un corbeau de passage, uniquement attiré par le brouhaha et la guerre qui se déroulait là? Résignée, elle partit soigner les blessés. Jamais elle n’oubliera cette petite créature dont elle avait tant pris soin. Son vieux cœur se gonfla de fierté.

Non loin de là, un autre Tauren courait lui aussi vers la liberté retrouvée. L’ancien prisonnier, libéré par Pipiche, avait rapidement emprunté le tunnel qui le conduisit vers les plaines de Mulgore. Il y était venu pour mourir paisiblement dans les bras de la Terre-Mère. Mais il ne pouvait plus se le permettre à présent ! Non. Il devait retrouver son clan dans les Tarides au plus vite ! Il fallait prévenir les siens. Il fallait sauver le jeune Pipiche des pattes des Hurans !

Il aperçut enfin son ancien clan, à proximité d’un grand rocher escarpé. Il ne restait plus que quelques membres, après les récentes attaques des Centaures. Il se dirigea vers l’un d’entre eux, stupéfait à la vue du retour de leur Ancien. Mes les effusions de joie furent de courte durée. Il n’avait nullement l’intention de revenir parmi eux. Ils discutèrent quelques instants.

Le vieux Tauren expliqua ses mésaventures chez les Hurans. Il en vint rapidement à la raison qui avait motivé son retour. Il expliqua que là-bas, vivait l’une des leurs, une jeune Taurène du nom de Pipiche. Elle avait été capturée, et visiblement, élevée par des « hommes-cochons ». Elle ne parlait pas le Taurahe. Son clan poussa des cris horrifiés.

Mais lorsqu’il leur demanda d’envoyer des renforts, les survivants baissèrent la tête. Ils avaient d’autres priorités. Ils devaient sauver les quelques enfants du clan qui avaient échappé au massacre, et rejoindre une autre tribu, elle aussi gravement atteinte. Ils n’avaient pas assez de combattants pour mener un raid à Mulgore, afin de libérer la jeune guerrière du camp de Dos-Hirsutes.

Le vieux Tauren baissa la tête. Résigné. Il reparti, seul. Ses forces le quittaient à présent de plus en plus vite. Il était rongé par la douleur. Mais il avançait. Pas après pas. Le lac Taureau-de-Pierre l’appelait. Les soucis de ses pairs ne le concernaient plus. Il voulait plonger dans le regard de la Terre-Mère.

Il avait essayé, de dire à ses pairs de se fédérer. Les oracles prédisaient de terribles catastrophes à venir. Les Centaures étaient de plus en plus organisés. Seuls les Taurens ne changeaient pas ! C’est ce qui allait causer leur perte ! Au nom des traditions, au nom de la chasse, ils faisaient perdurer le nomadisme, dans un monde de plus en plus hostile à leur égard.

La rencontre avec cette petite Taurene avait définitivement ancré sa certitude que le salut des Taurens passerait par la fédération. Quitte à sacrifier certains de leurs rites ancestraux.

Mais il était bien le seul à le penser ! Il avait même rencontré de farouches Taurens, hostiles à toutes idées de rassemblement. À leur tête, une Taurene vindicative, déterminée à faire perdurer l’ordre établi ; une certaine « Magatha ». Sa fougue et sa ferveur avaient fait des adeptes, qui la suivaient comme une ombre. Ils venaient régulièrement discuter dans les différents clans. Ils essayaient à chaque fois de convaincre leurs pairs qu’ils ne devaient jamais changer, même face à la montée en puissance des Centaures.

Non loin de là, à quelques heures de marche, dans les plaines de Mulgore, Pipiche goûtait pleinement à la vie sauvage. En quelques semaines, il était devenu maître dans l’art de la survie.

Pipiche ne savait pas chasser un kodo. Mais il savait courir aussi vite que lui, et se fondre à ses côtés sans se faire piétiner. Il ne savait pas honorer la Terre-Mère, mais il respectait au plus haut point toute vie dans ces plaines. Il ne tuait ou ne cueillait jamais plus que ce dont il avait besoin pour se nourrir. Il avait appris à pêcher, seul. Il avait appris à siffler, à faire du feu, à chanter, à s’orienter en fonction des astres, de jour comme de nuit.

Et bien vite, il repéra ces étranges pierres brillantes à flanc de montagne et de rochers. Des minerais ! Il eu bien des difficultés au début pour les extraire. Mais rapidement, il fabriqua des outils, des percuteurs, des pioches, à l’aide de bois, d’os, et de pierres.

Il s’offrait même le luxe de méditer. Sur son genre, entre autres. Pipiche avait ainsi l’apparence d’une jeune Taurene. Mais il se considérait intérieurement comme étant très viril. Aussi avait-il décidé de parler de lui au masculin, bien que le reflet dans l’eau lorsqu’il pêchait lui renvoyait une image féminine.

Il avait par ailleurs établit son fief dans une petite grotte, cachée au pied des montagnes qui encerclaient la plaine. Pipiche devint ce que l’on appelait communément un ermite. C’était non loin des grands pitons rocheux ou siégeaient de larges mesas, qu’il aurait aimé arpenter. S’il avait eu des ailes… Il eut beau sauter, gratter les parois, impossible d’y grimper. Un jour… Qui sait ? Mais la nouvelle routine de Pipiche fut soudainement brisée…

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L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux Empty Re: L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux

Message  Draka Ven 23 Aoû 2024 - 19:40

Chapitre 3 – L’Instinct du Loup


Comme d’ordinaire, l’aurore baignait les prairies de sa douce lueur orangée, et l’herbe scintillait de rosée. Pipiche ne sortait guère à cette heure-ci, n’appréciant pas l’humidité, qui pénétrait ses poils.

Mais un hurlement de loup, là, juste à côté, le fit sursauter au fond de sa petite grotte. Le cri résonnait étrangement. La crinière en bataille, l’haleine peu sûre, et son pagne en peau de puma à peine enfilé, il pointa une tête prudente à l’extérieur de la grotte.

C’est alors qu’il le vit. Le loup, à moitié transparent, aux reflets bleutés. Il se tenait assis à quelques mètres de l’entrée.

À nouveau, il poussa un long hurlement. Il lui parlait ! C’est à elle qu’il s’adressait ! Le loup lui intimait l’ordre de le suivre. La jeune Taurene n’hésita pas une seconde. Pipiche était toujours prêt pour l’aventure.

Le loup se dirigea vers la plaine, Pipiche trottinant sur ses talons. Après de longues minutes, l’étrange animal translucide désigna du museau le lac Taureau-de-Pierre. Puis il disparut.

— Ami Loup ! Non ne part pas !

Ce n’est que lorsqu’il vit le corps du vieux Tauren, celui-là même qu’il avait libéré du campement des Hurans avant l’attaque des Gnolls et des Harpies, que Pipiche réalisa subitement qu’il ne manquait de rien. Sauf des siens. La vérité était implacable. Lui aussi, était un Tauren. Hélas… L’Ancien semblait décédé, et ce depuis un bon moment. Pipiche connaissait la mort. Il l’avait observé chez les Hurans. Il savait ce que signifiait l’état dans lequel se trouvait l’Ancien. Il ne se relèvera pas, pour le prendre dans ses bras, comme il l’avait fait au campement. Le corps gisait à quelques mètres du lac.

La petite guerrière resta un long moment à ses côtés, hésitant sur le comportement à adopter. Pipiche finit finalement par lui faire une sépulture, face au lac. Alors qu’il allait partir, il se pencha sur l’étendue calme pour contempler son reflet, comme il aimait à le faire pour deviner s’il était un mâle ou une femelle.

L’eau se troubla soudainement. Pipiche eut une vision. Son ami le Loup, il était là ! Il courait avec d’autres loups. Avec eux, des louveteaux. Des hurlements. Un fracas assourdissant. Des coups de crocs ! Ils se battaient férocement. Certains essayaient de fuir. Autour d’eux, une lumière verdâtre… Des créatures étranges les attaquent… élémentaires infernaux… démons… Le ciel, noir comme sa fourrure ! La terre, rouge ! Rouge du sang de la meute versé ! L’herbe est souillée par les créatures démoniaques ! Oh ! Cet immense loup qui surgit ! Il ne fait que passer brièvement, mais il terrasse bon nombre d’ennemis. Qui est-il ? Puis Pipiche le voit, flou, son ami le loup. Le Hurleur Fantomatique. Sa meute… ils sont tous morts… morts après l’invasion des méchants…

Pipiche trébucha en avant. Il plongea la tête la première dans l’eau. Hébétée, il se releva et se frotta les yeux. Décidément, il n’aurait pas dû essayer de reproduire la recette interdite du chaudron magique de la Mande-Epines Dos-Hirsute ! Ces baies violettes étaient de trop dans la préparation.

Il mesurait depuis peu le gouffre qui le séparait de ces êtres mi-humanoïdes, mi-sangliers, qui l’avaient élevé. Il voulait maintenant découvrir des peuples qui lui ressemblaient un peu plus. D’autres Taurens, par exemple ! Mais il n’était pas encore prêt.

Quelques années plus tard, en rentrant un soir dans sa grotte après avoir longuement couru avec les kodos, Pipiche jeta un œil au collier de son enfance. Depuis qu’il avait eu la vision de ce grand Loup majestueux, il était obsédé par l’idée qu’il était peut-être l’envoyé d’une divinité lupine.

Son collier comportait des dents de loup. Et sur le petit mouchoir, qui ne le quittait jamais, figurait un motif du canidé. A la charge du Sanglier, et la hargne du Corbeau, il sentit subitement qu’il pouvait rajouter l’Instinct du Loup.
Avec de pareils guides spirituels, il était temps à présent de pousser ses explorations plus à l’est de Mulgore. Près de la frontière dangereuse qui séparait les plaines vertes de son enfance, de la savane des Tarides !

C’est alors qu’il revit le Loup, juste quand il se sentit prêt à quitter Mulgore. Il ne l’avait plus croisé depuis la mort du vieux Tauren. À nouveau, l’étrange créature fit signe de la suivre. Cette fois-ci, le loup le guida vers la zone de Mulgore que Pipiche avait peu explorée. Ils marchèrent vers le nord-est, jusqu’à un immense rocher de forme carrée. Pipiche s’en approcha.

Des mains étaient peintes dessus. Avec trois grands doigts élancés. Et des animaux. Cette façon de poser les traits… elle était très similaire à celle qui était présente sur son petit mouchoir brodé de naissance. Pipiche fut saisi d’émotion. Qui avait fait cela ? Quand ?

— Celui qui a fait ça, montrez-vouuuuuuuuus ! Je suis Pipiche ! Je suis làààààààààà ! Avec mon ami, le Louuuuuup ! Ouuuuuuh ouuuuuh !

Il eut beau crier, appeler l’auteur de ces peintures rupestres, personne ne se manifesta. Dépité, il posa la main sur la pierre. Une nouvelle vision le saisit alors.

Une grande porte. Baignée d’un halo lumineux vert. Des créatures floues, avec des crocs, en sortent par centaines ! Il y a un grand Tauren qui leur fait face ! Il chevauche un kodo ! Il a un énorme totem accroché dans le dos. Derrière lui, une armée. Une armée de puissants Taurens. Tous sont prêts à se battre. La vision se dissipa soudainement.

Pipiche secoua sa crinière. Cette vision était-elle réelle ? Les siens. Il devait retrouver les siens au plus vite ! Existait-il quelque part une armée de Taurens ? Si c’était le cas, il devait absolument en faire parti, et mettre ses pouvoirs semi-divins à son service.

C’est ce qui le motiva à quitter enfin Mulgore. Mais avant cela, il devait accomplir une dernière formalité. La vision du grand Tauren lui avait donné une idée.

En contournant les Pitons rocheux en tout sens, il avait décelé une petite avancée qui grimpait vers la mesa la plus basse du site. Pipiche fabriqua des petits totems pointus en bois, et laborieusement, parvint à les ficher à flanc de montagne. Puis il escalada. En quelques minutes, il fut sur la mesa. La vue était à couper le souffle. Il se sentit le roi du monde. Il hurla au vent :

— Je suis le prince des Piiiiiiiiiiitons ! Un jour, je vivrai ici ! Je reviendrai ! Et tous ceux qui vivent dans des grottes, ou qui ont eu des nounous pomme de pin, m’y rejoindront! Nous serons… nous serons…

Une grande bourrasque de vent lui coupa la parole. Surpris, il laissa échapper une flatulence tonitruante, qui résonna dans la vallée en contrebas. « PROUUUUUUUUT ».

Pipiche redescendit des sommets. Il scella sa grotte, posant des cailloux et un amoncellement de branchages à l’entrée, afin qu’aucune Harpie ne vole ses précieux minerais. Il ne pouvait pas tous les emporter. Il prit son balluchon, ses deux armes, et traça la route vers les Tarides, porté par l’esprit du Sanglier, du Corbeau, et du Loup.

— J’arrive les amis, j’arriiiiiiive !

C’est circonspects que, quelques jours plus tard, les Taurens d’une petite tribu établie non loin de la frontière de Mulgore virent débarquer la guerrière Pipiche. Il était loin le temps où elle avait peur de ses congénères ! Elle filait à présent droit vers eux, confiante, le poil noir luisant, les oreilles alertes, l’œil vif, avec toujours pour armes ses branches de pins bien affutées. Pipiche, apercevant le petit groupe, décida de leur offrir sa plus belle chorégraphie guerrière sans plus de protocole.

— Tourbilooooool ! Tiens prend ça ! Morte peau ! Caillou terne! Tu vas tâter de ma puissance divine !

Virevoltant, tournoyant dans le vide, ses sabots faisaient voler la poussière. Les branches tranchaient l’air telles des lames de rasoir. Coup horizontal. Balayement à gauche. Feinte ! Fausses titubations. Cri de rage! Les zhébras et les girafes alentours détalèrent en poussant des cris. Le plus âgé des Taurens s’avança à bonne distance, tandis que d’autres rassemblaient les enfants autour d’eux.

— Ish-nu-por ash !
— Pipiche ! Je suis Pipiche ! Les cieux me portent vers vous les amis, grui-gruik !
— Ish uku chi? Nahe lo chi awa wa !

Pipiche secoua la tête. Ces compères ne semblaient pas avoir appris à parler correctement le Huran. Alors qu’elle allait leur expliquer quelques basiques de la langue des hommes-sangliers, le Tauren le salua d’un geste poli, s’inclina, et le groupe détala rapidement.

Décidément, ses congénères étaient bien différents de ce qu’il en avait imaginé. Et pas seulement par le langage. Pourquoi n’avaient-ils pas reconnu l’envoyé des demi-dieux en personne ?

Pipiche poursuivit sa découverte des lieux. De nouveaux animaux exotiques captivèrent son attention. La guerrière se félicita d’avoir poursuivi son entrainement quotidien à Mulgore. Il était prêt à affronter n’importe quoi.
Mais un doute atroce s’insinua dans son esprit. Et si le peuple des Taurens était moins évolué intellectuellement, que les Hurans ? Et s’ils ne savaient pas se battre ? Mais la vision qu’il avait eu lui redonna espoir. Quelque part, la grande armée de ses rêves existait. Elle l’attendait. Et bien sûr, elle parlait le Huran.

L’instinct du Loup guidant ses pas, Pipiche décida de suivra la route poussiéreuse qui cheminait à travers la savane, en direction du nord. A défaut de Taurens, il finit par tomber sur une oasis luxuriante. Il commençait justement à avoir soif.

Alors qu’il en profitait pour faire ses ablutions, dans l’étendue d’eau où s’ébattaient de nombreuses tortues, il entendit un cri aigu. Suivi de hurlements qui lui firent se dresser tous les poils de la peau. Des Centaures ! Ni une, ni deux, il bondit sur ses sabots et ramassa ses branches. La force du Sanglier bouillait en lui, et la hargne du Corbeau lui donnait la rage nécessaire pour affronter ces ennemis terrifiants. Il chargea, fonçant à travers les palmiers et les hautes herbes de l’oasis.

C’est alors qu’il la vit. Une toute petite Taurene, de quelques années à peine. Elle tenait un poisson jaune orangé dans la main qui frétillait encore. Terrifiée, elle était accroupie dans l’herbe. Non loin d’elle, deux Centaures s’apprêtaient à ruer. N’écoutant que son courage, Pipiche fonça sur eux en hurlant.

— Tourbiloooooooooooool !

Mais les Centaures ne semblèrent pas impressionner. Ils se battaient contre les Taurens depuis des générations. Pipiche fit une feinte. Alors qu’il sembla manquer sa cible, il se retourna prestement et fouetta l’arrière-train de l’une des deux créatures avec toute la violence qu’il réservait aux méchants. Surpris, celui-ci s’ébroua, et partit droit devant lui sans demander son reste.

Le deuxième Centaure leva les bras au ciel, et invoqua la foudre. Celle-ci s’abattit sur l’une des branches de Pipiche. La branche se fendit en deux. Furieuse, la guerrière fonça sur l’impudent qui avait osé abîmer son arme. Le Centaure donna des coups de sabot avant. Pipiche les esquiva de justesse et fit une roulade de côté. Il rebondit aussitôt, et lança son unique branche en travers des jambes du Centaure, qui se ramassa la tête en avant dans un palmier. Hébété, il tituba, avant de s’enfuir lui aussi.

Sans perdre une seconde, Pipiche prit l’enfant sur ses épaules et rebroussa chemin par là où il était arrivé. Il avait escaladé une petite colline sans danger à quelques centaines de mètres. Là-bas, l’enfant serait en sécurité. La petite tremblait, mais s’agrippait fermement aux poils de sa sauveuse, sans lâcher son poisson. Alors que Pipiche escaladait la colline, elle lui donna un coup de talon, pour le faire partir de l’autre côté. Elle montra du doigt un point éloigné, en direction du soleil qui se couchait à présent sur l’horizon.

— E tu towa awak !

Docilement, Pipiche se laissa diriger vers l’endroit désigné.

— Hi hi tu vas me conduire vers les grands Taurens que je dois rencontrer, c’est ça ? Où sont mes amis ? Où est la Grande Armée !

Bien vite, ils arrivèrent près d’un campement et des cris de soulagement les accueillirent. Des enfants plus âgés et une Ancienne se précipitèrent vers la petite. Elle se jeta dans leur bras. Puis elle désigna Pipiche, tout en expliquant sa prouesse avec les Centaures.

C’est avec beaucoup de reconnaissance que tous s’inclinèrent. Pipiche poussa un soupir de soulagement. Enfin, ses pairs l’avait reconnu ! Lui, l’envoyé divin, le cadeau du ciel pour tout le peuple Tauren ! Il fut toutefois déçu par la taille du campement. Point de grande armée ici. Sa vision était-elle un rêve ?

On lui proposa le gîte et le couvert. Pipiche poussa des grognements de remerciement. Les Taurens l’invitèrent aussi à rester le temps qu’il le souhaitait, en remerciement pour avoir sauvé la fille du chef. Mais Pipiche était perturbé. Désemparée, il fit comprendre à celui qui semblait le plus armé qu’il avait perdu ses redoutables branches en pin lors du combat.

— Dites l’ami, savez-vous s’il y a des pins dans la région gruik gruik?

Le Tauren se grattait la tête. Personne ne comprenait le Huran. Pipiche dessina sur le sol poussiéreux ses armes redoutables, nécessaires pour ses postures guerrières. Il leur fit comprendre que sans elles, sa puissance d’attaque était diminuée. En guise de démonstration, il attrapa un gigot de zhébra. Puis il exécuta sa chorégraphie. De cette manière, ils comprendraient que cela ne rimait à rien de se battre sans branches de pins.

— Tourbiloooooooooooool ! /HRP: Démonstration réelle accoustique ici.

Hélas. Le gigot était enduit de graisse. Il s’échappa des mains de Pipiche. La vieille Taurene matriarche du campement eut à peine le temps de pencher la tête pour esquiver l’impact. Le gigot partit tel une fusée droit en direction de la petite hutte située à l’écart des autres. Il percuta le nœud qui tenait le haut de la hutte, et ébranla toute la structure, qui s’effondra comme un château de cartes. Un vieux forgeron s’exclama en Taurahe :

— Mais qui est cette Taurene hardie?

Ce qui fut par la suite son patronyme. Pipiche Sabot-Hardi. La Taurene fut ébahie par le contenu de la hutte qui gisait à ciel ouvert. Qu’était-ce donc là… ! Des minerais ! Des nouveaux minerais ! Cette couleur, proche du soleil couchant… Jamais Pipiche n’avait vu plus belle création de la nature. Il se jura qu’un jour, sa grotte en serait remplie ! Du mithril, lui expliqua en Taurahe le forgeron, armurier du camp, qui se chargea de réparer les dégâts.

Il fallut plusieurs semaines à la jeune guerrière pour comprendre et parler le Taurahe. Il fallut beaucoup moins de temps au forgeron pour lui apprendre les rudiments de la fonte des métaux. Pipiche vit instantanément l’intérêt de cette technologie. Plus besoin de trouver des pins ! Les armes en métal le faisaient tourbillonner encore plus vite. Celui lui fit modifier ses chorégraphies guerrières. Aussi, ses techniques de feinte et de ruses posturales devinrent de véritables combos de postures aléatoire totalement imprévisibles. Nul n’aurait pu prédire dans quelle direction le coup allait partir, pas même Pipiche.

Mais au bout de quelques mois, après avoir croisé de nombreuses autres tribus lors des déplacements du camp, Pipiche commença à être frustré. Aucune grande armée en vue. Il avait parlé de sa vision, mais personne ne le croyait. Il commença à se dire, qu’il allait lui-même la constituer !

Ainsi, à chaque fois qu’il croisait une nouvelle tribu, il expliquait, inlassablement, qu’ils seraient plus puissants tous réunis, face aux Centaures qui eux s’organisaient de mieux en mieux au fil des ans.

Les Taurens n’accordaient guère de crédit à ses propos. Il concluait pourtant toujours sa proposition de création d’une grande communauté guerrière avec un « tourbilooooooooool » impressionnant, exécuté à la perfection. Il parvint tout de même à motiver quelques individus. Ceux-ci le suivaient discrètement, à l’arrière du camp, car les Taurens qui hébergeaient Pipiche refusaient de les accueillir. Pipiche en était fort contrarié.

Certes, ils étaient un peu étranges, et avaient des poux. Oui, ils avaient quelques défauts... dont certains plus ou moins handicapants. Mais qui n’en avait pas ?

C’est alors qu’il réalisa qu’il manquait quelque chose à sa nouvelle communauté. Pipiche avait remarqué que chaque clan Tauren portait un nom, souvent celui du chef. Il avait croisé des « Totems-ceci », « Chasse-cela », « Sabot par-ci », « Cours par là »… Mais son regroupement, à lui, ne portait aucun nom.

Grâce à l’Instinct du Loup, il sut comment s’intitulerait son parti : « Pour le Rassemblement Organisé de l’Union Taurene ». Ainsi put-il clamer avec force et honneur :

— Mes amis. Il faut nous réunir ! Venez nous rejoindre au PROUT !

Ce qui devait arriver arriva. Une fois que son groupe eut atteint la taille honorable d’une dizaine de membres, Pipiche sentit qu’il devait quitter sa tribu d’accueil, pour mener vivre sa propre vie. Il leur dit adieu, non sans tristesse, car il avait apprécié le chaleureux accueil reçu. Il avait appris à être un Tauren avec eux. Mais l’heure était venue.

Pipiche pris son balluchon, et avec les membres du PROUT, ils partirent en direction de la côte des Tarides, pour y établir un campement permanent. Ils trouvèrent rapidement leur nid douillet. Pipiche bricola un ponton, à l’emplacement de la future ville de Cabestan, et construisit un radeau de pêche. La pêche, et leur nombre restreint, tout comme le troc et la vente d’armures et d’armes, leur permit de préserver leur environnement écologique immédiat.

Encore une fois, la routine ne dura pas bien longtemps. Car un beau jour, d’étranges petites créatures vertes et rusées accostèrent près du ponton du PROUT, et vinrent bouleverser l’avenir de Pipiche.


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L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux Empty Re: L’Artisan Forgeron Pipiche Sabot-Hardi et une partie de l’histoire de la naissance des Ermiteux

Message  Draka Ven 23 Aoû 2024 - 21:19

Chapitre 4 – La Ruse du Singe


— Jamais ! Nous ne partirons pas d’ici !

Pipiche, furieux, campait fermement sur le ponton. Les membres du PROUT acquiescèrent. Ils étaient à présent plus d’une vingtaine. Voilà des années qu’ils vivaient à cet endroit, sur la côte des Tarides, sans être trop inquiétés par les Centaures qui ne passaient pas ici, ni les animaux sauvages. Ils jouissaient d’un emplacement stratégique pour pêcher, faire du troc, et entendaient bien rester là.

Mais la créature en face n’abandonnait pas son idée de les faire déguerpir de ces lieux. Le petit humanoïde, vert, avec des grandes oreilles, qui se désignait comme étant un pirate Gobelin, entendait bien installer là aussi ses nombreux amis qui avaient débarqué récemment. Or le Gobelin avait plus d’un tour dans son sac…

La détermination de Pipiche fondit comme neige au soleil lorsque le pirate lui tendit un sac énorme de nouveaux minerais exotiques. L’emplacement des gisements, contre l’emplacement du PROUT. Ces minerais étaient d’un rouge flamboyant. De « l’incendicite ». Pipiche, qui était à présent un artisan reconnu par ses pairs à des centaines de kilomètres à la ronde, se vit déjà à la tête d’un empire commercial s’il parvenait à vendre des armures d’un rouge aussi somptueux. Rouge, comme la couleur des joyaux d’Agamaggan !

Il ne put donc pas refuser une proposition aussi alléchante. Il signa un papier. Aussitôt dit, aussitôt fait, le Gobelin lui remit une carte, qui concernait un lointain territoire sur un autre continent, appelé « les Royaumes de l’Est ». Et il lui donna le sac.

Puis, sans ménagement, les membres du PROUT et Pipiche lui-même furent chassés de leur propre campement.

La guerrière relativisa ! L’incendicite valait tous les emplacements du monde. Sauf les mesas des Pitons. Hélas. Alors qu’il rêvait de fabriquer de belles armures, les plus belles et précieuses de tout Kalimdor, à peine quelques coups de marteaux dessus et le minerai explosait ! Pipiche dut se rendre à l’évidence. Ce Gobelin l’avait arnaqué. Foi de Pipiche, cela n’allait pas se passer ainsi !

Mais il était trop tard. Les Gobelins avaient investi les lieux en nombre, et le PROUT dut se résigner à migrer ailleurs. Où aller ? Ils n’étaient plus nomades !

Pipiche hésita à rejoindre un village des Tarides, qui s’était nouvellement constitué, et qui aux dernières nouvelles comptait de plus en plus de Taurens. Leur chef était un certain Cairn Sabot-de-Sang. Il prônait l’idée de se fédérer, quitte à se battre contre les farouches opposants à la sédentarisation, dirigé par Magatha. Mais ses amis du PROUT n’étaient pas d’accord.

Des conflits éclata parmi les membres. Et très vite, le PROUT ne fut plus qu’un souvenir dans le vent…

N’osant pas frapper seul à la porte du village de Cairn, Pipiche décida de se replier sur les terres de son enfance, vexé. Et d’aller construire sa hutte sur les hautes cimes des Pitons. Là au moins, personne ne risquait de l’y déloger!

Il n’était toutefois plus si seul. Une enfant était née récemment au PROUT. Il ignorait par quel processus mystérieux l’évènement avait eu lieu, mais, alors qu’il venait d’être chassé de Cabestan, voilà qu’il avait donné la vie. Comme il n’était ni mâle, ni femelle, il était tout pour elle : son papa, et sa maman.

Pipiche repartit à Mulgore avec le bébé, qu’il emporta dans un balluchon, attaché au bout d’une branche. Il subit une attaque de Gnolls en route, et, oubliant que ce n’était pas sa branche de pin, les repoussa grâce à un puissant tourbiloooooooool. Le bébé tournoya dans les airs, loucha quelques instants, puis ses yeux verts comme l’herbe de Mulgore retournèrent à leur place.

Il alla directement se réinstaller dans sa petite grotte, en attendant de construire son fief sur les mesas des pitons rocheux. Et bien vite, ils s’installèrent tout là-haut. L’enfant grandissait vite.

Pipiche la soupçonna d’être une envoyée d’un dieu du vent, car la petite produisait une quantité impressionnante de méthane, parvenant même à élaborer des gammes qui résonnaient dans la plaine. Elle était curieuse de tout, et elle parlait à des entités invisibles. Pipiche n’en fut pas surpris, cela arrivait à de nombreux membres du PROUT.

La vie était belle à Mulgore. Mais Pipiche était inquiet. Les Gobelins avaient parlé de peuples en guerre, sur un autre continent lointain. Celui où il y avait ce minerai de toutes les arnaques, qui était inforgeable. Et si des méchants venaient un jour à Kalimdor ? Et s’ils étaient plus forts que les Centaures ? Comment protégera-il sa fille? Et ses minerais ?

Pipiche avait raison de s’inquiéter. Même le vieux continent de Kalimdor allait connaître de nombreux bouleversements imminents. Dans les Tarides, un village continua à devenir de plus en plus conséquent ; celui du sage Cairn. Les Taurens l’ignoraient encore, mais la Horde des Orcs était actuellement en exode en direction de Kalimdor. Bientôt, ses bateaux allaient accoster sur les rivages des Tarides, et ceux de la région voisine qui hébergeait la race ancestrale des Trolls tribaux. Région qui sera plus tard nommée « Durotar », en hommage au père de Thrall, Durotan.

C’est là que Cairn rencontrera pour la première fois le fils Orc des Loups-de-Givre, Go’ell, plus connu sous le nom de Thrall. Les deux s’allieront. Ils créeront les Pitons des Tonnerres pour l’un, grande capitale Taurene, et Orgrimmar pour l’autre, capitale de la Horde. Une Horde qui sera bientôt une gigantesque armée, accueillant bien des races de Kalimdor. Serait-ce là l’armée fantasmée par Pipiche ?

En attendant que ce moment arrive, la guerrière Taurene continua ses opérations commerciales, voyageant beaucoup entre Mulgore et les Tarides, et éduquant sa fille.

Celle-ci lui rapportait régulièrement des visions étonnantes. Pipiche soupçonna les baies et les herbes de Mulgore d’y être pour quelque chose. De plus, elle parlait aux esprits. Elle disait même entendre le son des âmes, quand elles quittaient leur enveloppe charnelle. Or cette année là, ces entités affluaient en nombre. Elle n’avait jamais « ressenti » une telle masse d’âmes errantes. Il se passait des évènements graves ! Très graves, tout au nord de Kalimdor. La jeune Taurene s’apaisa toutefois un matin. Les voix tourmentées cessèrent. La terre chuchota à la Taurene que la guerre était finie. Quelle guerre ? Elle l’ignorait. C’est là que sa vocation s’éclaira clairement. Elle sera Chamane.

C’est à ce moment que la vie de Pipiche fut la plus bouleversée, paradoxalement. Car autant il n’avait pas été impliqué directement dans les guerres qui avaient ravagées Azeroth ces dernières années, autant la nouvelle fédération des Taurens sous la bannière de Cairn le touchait de plein fouet.

Car ce grand chef n’avait rien trouvé de mieux, comme emplacement pour les tribus qu’il avait fédéré, que de venir s’installer sur les hautes mesas des Pitons.

Encore une fois, Pipiche dut laisser la place, comme il l’avait fait à l’ancien lieu du PROUT avec les Gobelins. Il n’y avait qu’une seule chose que personne n’aurait jamais. Sa grotte, et toutes ses richesses !

Pipiche assista de très près à la construction de ce qui allait devenir la capitale des Taurens : les Pitons du Tonnerre. Il vit aussi arriver les engins volants des Gobelins : les zeppelins. Thrall quand à lui construisit également une cité conséquente avec l’aide du Gobelin Gazleu. Ils nommèrent la ville « Orgrimmar ». Elle était située au nord de Durotar. Un zeppelin aux horaires réguliers permit aux deux capitales de communiquer entre elles.

Pipiche décida de rester aux Pitons avec sa fille, et fit en sorte de s’intégrer aux clans environnants. Car la présence d’une si grande ville, même en ces terres lointaines, ne manqua pas d’attirer de nombreux autres prospecteurs commerciaux et de développer les affaires.

Une petite créature, un Gnome, du nom de « Silla Sombrelune », débarqua un beau jour. Aussi intelligents et ingénieux que les Gobelins, les Gnomes avaient un sens de l’humour tout particulier, que Pipiche eu plaisir à découvrir. Silla entreprit de construire ce qui deviendra la plus grande usine de divertissement de tout Azeroth, la grande Foire de Sombrelune. Pipiche la fréquenta souvent.

Il fut même ami avec un petit singe, du nom de Rikiki, qui lui enseigna l’art de la Ruse. Voilà qui allait être bien utile pour affronter les nouveaux concurrents qui se livraient une guerre commerciale sans merci dans les capitales.
Le singe de Sombrelune l’amusait beaucoup. Il avait la capacité d’alléger le poids des visiteurs de la foire, en vidant leurs poches, et leurs sacs d’aventuriers. Ce tour de magie s’appelait « Transfert popoche ».

Par la suite, en échange de quelques produits exotiques, qu’il troquait aux Gobelins et fournissait ensuite à la Foire, Pipiche eut l’autorisation d’animer sa propre attraction dans un petit stand, en marge des lieux. Il l’appela « Attrape Pièces d’Or ». Le client, qui payait pour jouer, devait lancer une de ses pièces dans les airs avec les yeux bandés. Pipiche lançait alors un sort d’invisibilité. Le client devait le contrer mentalement de toutes ses forces. S’il y parvenait, il récupérait sa pièce. Sinon, la pièce disparaissait mystérieusement.

L’artisan avait par ailleurs déniché des plans très rares, pour la forge, et pouvais équiper n’importe quel être portant de la maille, ou de la plaque. Au fil du temps, des alliances commerciales, des opérations variées, Pipiche se constitua ainsi un réseau vaste dans la vente de matériaux d’artisanat, et de forge. Il se livrait chaque jour à une guerre sans merci contre ses meilleurs concurrents.

Il fallait être fort, pour récolter les matières premières et cheminer sur le route du thorium. La Charge du Sanglier. Il fallait être réactif, prendre des risques, et assumer ses propositions commerciales: la Hargne du Corbeau. Il fallait sentir le moment ou ses concurrents allaient céder la place. L’Instinct du Loup. Enfin, il fallait anticiper le marché et les besoins des clients. La Ruse du Singe.

Le temps passa à nouveau. Depuis la défaite des démons, la Horde et l’Alliance reprirent leurs combats… Mais Pipiche était loin de tout cela. Pour lui, la guerre était aux Pitons, chaque jour, à l’Hôtel des Ventes.

Pour se distraire après ses tournées de minage, et d’artisanat, il organisait de temps en temps des petits jeux qui rythmaient le quotidien des habitants des Pitons. L’un d’entre eux avait sa préférence. Il avait payé un jeune troll, Mordy, pour faire la manche dans les capitales en échange d’une danse troll en slip du plus bel effet.

— À vot’bon cweur messieurs dames ! Une danse contwe un siou ! Mowdy va vous éblouir !

Celui qui lui lançait une piécette, repartait avec des centaines de pièces d’or dans les poches. Pipiche tenait ainsi à récompenser la générosité.

La Taurene avait à présent une cinquantaine d’années. Sa fille, qui était devenue Chamane, approchait la trentaine. Elle contait fleurette à un jeune Druide, du nom de Cornefeuille, qui entendait lui aussi des voix. Ces deux là se trouvèrent bien, et purent discuter des forces occultes qu’ils percevaient chacun à leur manière… mais ceci est une autre histoire.

Pipiche resta, lors de ces années fastes aux Pitons, magnanime, humble, et adaptable, il ne voulut point faire d’ombre à Cairn. Aussi ne lui révéla-t-il jamais ses origines divines.

Mais Pipiche fut fort contrarié un beau jour. Les Gobelins avaient mis au point une nouvelle technologique, qui visait à faciliter la vie de ceux qui s’adonnaient au stockage des ressources, et au commerce. Ils avaient inventé « le coffre de guilde ». Avec son stockage démesuré !

Or, la grotte secrète de Pipiche était saturée depuis trop longtemps déjà. Il ne savait plus où entreposer ses richesses. Mais les Gobelins lui refusèrent outrageusement ce service, qu’il était pourtant prêt à payer joyau de sang sur le sabot.

« Non monsieur Pipiche, vous n’y avez pas le droit. Les grands coffres de banque sont réservés aux guildes ».

Pipiche avait tout tenté. Il faillit leur révéler ce jour là ses origines divines, afin de les « moucher ». Mais il se retint juste à temps.

Il n’y avait pas trente-six solutions. Il devait donc fonder une guilde, juste pour obtenir ce fichu coffre magique. Que faire ? Il parvint à établir une fausse guilde, afin de négocier avec eux le plus gros modèle de coffre possible. Pipiche abandonna ainsi ses bains dans les tas de pièces d’or de sa grotte secrète, et y installa le fameux coffre, au centre de la cavité.

La création de sa guilde fut tellement simple, que cela lui donna une idée. Et s’il créait sa propre communauté, avec sa fille et son gendre, puisqu’ils n’appartenaient à aucune tribu? Une tribu qui ne finirait pas comme le PROUT ! Et où ils se sentiraient chez eux, acceptés avec leur passé atypique, très différent des autres Taurens.


... à suivre
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Message  Draka Ven 23 Aoû 2024 - 21:29

Chapitre 5 – La naissance des Ermiteux



Pipiche portait encore dans son cœur la nostalgie de la grande armée de la vision de sa jeunesse. Certes, Cairn avait réuni les clans Taurens aux Pitons. Mais, cela ne ressemblait pas à ce qu’il avait vu dans son rêve. Les Taurens installés à la capitale étaient pourtant de fiers alliés pour le grand chef. Ils étaient courageux, et fiers de faire parti de la Horde avec le peuple des Orcs de Thrall, les Trolls, les Réprouvés...

Mais ils n’avaient pas ce « petit quelque chose », cette « petite étincelle d’originalité », ce « petit grain de folie », que les membres de feu le PROUT possédaient tous. Hélas. Ceux-ci avaient disparus aux quatre vents, depuis qu’ils avaient été honteusement chassés de la future ville Cabestan.

Et s’il créait une nouvelle tribu ? Bien sûr, Cairn avait été plus rapide, et les Taurens étaient à présent unis. Ils n’avaient pas besoin d’un clan de plus ! Mais réaliser un Grand Rassemblement ne serait plus l’objectif principal de Pipiche. Il s’agirait plutôt de créer une « troupe élite ».

Avec des valeureux combattants originaux, libres comme lui, qui pourraient parer à toutes les menaces, pour sauver Azeroth. Comme les membres de feu le PROUT. Ils pourraient répondre brillamment aux appels aux armes du chef de la Horde, grâce à leur esprit d’innovation, leur créativité, et leur courage atypique.

De plus, Pipiche comptait bien développer ses affaires commerciales. Et il avait besoin de former de nouvelles recrues pour l’aider à étendre son réseau, et concurrencer les Gobelins.

C’est là qu’il eut une idée plus précise. Ces membres élites ne seraient pas seulement des Taurens redoutables, comme les membres du PROUT. Non. Il fallait voir plus large ! Pourquoi se cantonner aux Taurens ? Il y avait beaucoup de peuples différents dans la Horde…  Sa nouvelle communauté sera ouverte à tous. Et, le commerce et le troc y sera vivement encouragé !

Il fallait aussi qu’il y règne une ambiance de convivialité et de bienveillance. Pas comme au PROUT après leur départ de la côte des Tarides. Il voulait accueillir dignement ses futurs amis.

Pipiche proposa à sa fille de s’occuper de la partie administrative, et communicative. Elle accepta. Mais y ajouta une condition : il ne devait jamais parler de ses origines semi-divines ! Les esprits lui chuchotaient que c’était là un secret à conserver entre eux.

Pipiche, sa fille et son gendre, furent en ébullition face à ce projet novateur, pendant plusieurs semaines. Restait l’épineuse question du nom de cette nouvelle tribu. « Le retour du PROUT? » Non, cette communauté était révolue. « Les Sabot-Hardis ? » Trop Tauren ! « Les Grands Gaillards » ? Pipiche n’aimait pas, ou alors, avec une écriture inclusive. « Les Kodos rigolos » ? « Mon père est un Huran… » ? « Au Cadeau divin » ? « Touchez pas à mes minerais » ? Cela dura plusieurs semaines. Personne n’était d’accord.

Et puis un beau jour… une rencontre imprévue vint changer la donne. Il s’appelait Fez. Il était Chaman. Il revenait du combat. L’armure ensanglantée. Il revenait, pour se reposer aux Pitons. C’est là qu’il retrouvait sa tribu, qui avait rejoint comme bien d’autres clans l’armée de Cairn, et la Horde. Les combats avec l’Alliance faisaient rage. Ils étaient nombreux dans son cas.

La fille de Pipiche, qui ne sortait guère quant à elle de Mulgore, fort occupée par l’artisanat depuis qu’elle avait découvert la puissance des plantes, et l’alchimie, fut fort intriguée par ce Chaman. Il lui narra ses nombreuses aventures guerrières. Ils discutèrent assez souvent de leur façon de gérer leur lien avec les éléments. Il lui parla aussi de ses amis.

Certains n’aspiraient qu’à rejoindre une autre tribu, plus calme, reposante, où ils pourraient discuter autour d’un jus de murloc, le soir, après les combats. Leur clan était militaire, toutes ses énergies étaient consacrées à faire la guerre. Ils leur fallait un repaire paisible, une fois leur labeur accompli. Ils songeaient également à créer une nouvelle communauté guerrière en parallèle.

Fez présenta à la Chamane une jeune Troll Prêtresse, du nom d’Euca. Les deux discutèrent longuement : épilation de queues, petits plats trolls, préparation de la morue, couture, art de la fabrication des strings pour réprouvés, champs de bataille, tout était sujet à partager de longues réflexions, à échanger leur culture réciproque. La Taurene décida de rencontrer les autres amis de Fez et Euca. L’entente fut instantanée avec ces nouveaux compagnons ! Ils appréciaient de se retrouver autour de la petite mare des Pitons, de temps en temps, pour siroter un jus de murloc.

La Troll, et la fille de Pipiche, réfléchirent longuement. Et si… Et s’ils fusionnaient tous leurs projets de création d’une nouvelle communauté? Cette nouvelle tribu aurait alors un profil aux objectifs composites. Mais pas tant que cela, car ils convergeaient tous vers les mêmes valeurs. Est-ce que celles-ci suffiraient à fédérer une telle diversité ? Cette nouvelle tribu serait-elle durable ?

Pour que cela soit le cas, la première règle fut de maintenir une bonne ambiance entre tous les membres. Il fallait aussi que chacun ait la liberté d’agir comme bon lui semblait, dans le monde d’Azeroth. LIBERTÉ.

Certains viendraient uniquement se reposer dans la tribu, quand d’autres formeront une délégation de combattants fidèles aux appels aux armes du chef de la Horde.

Ils se mirent d’accord, et décidèrent de s’unir, pour le meilleur, et surtout pour le meilleur, dans la même guilde. Restait la question de leur nom.

C’est alors que le Druide Cornefeuille eut une illumination. LES ERMITEUX ! Adopté, à l’unanimité. Ainsi naquirent les Ermiteux, vingt-six années après l’ouverture de la Porte des Ténèbres.

Ils furent six fondateurs au début, sept le jour même. Euca fut désignée comme la cheffe de ce nouveau groupement, la cheffe de guilde. Après son départ, ce fut la fille de Pipiche qui prit la relève. Très vite, ils gravèrent des tablettes, où figuraient ceci :

Les Ermiteux a écrit:
    [Ermiteuxfous] Loi N°1: La paix, l’harmonie, la sérénité, les Ermiteux se devront de protéger en leur foyer.
    [Ermiteuxfous] Loi N°2: Leur liberté, et celle de chacun, ils préserveront !

Une nouvelle ère commençait. Mais quelles seront les futures péripéties des Ermiteux ?


Fin du début
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Message  Draka Ven 23 Aoû 2024 - 21:37

Épilogue – L’Aube de la Demi-Divinité


Il était une fois, par monts et vallées,
Un chasseur conteur Tauren très musclé.
Il sillonnait les terres de Kalimdor
Avec son fidèle sanglier Dendor.

Coûte que coûte, il évitait la guerre !
Et des Centaures il n’avait que faire.
Ce qu’il voulait, c’est voyager très loin.
Et ne jamais, demander son chemin.

Mais cette vie solitaire était pesante.
Il voulait partager ses odes chantantes !
Des haltes il fit chez ses compères Taurens,
Qui, bien gentils, lui emplirent la bedaine.

De belles Taurenettes n’eurent alors que d’yeux,
Pour ce troubadour de passage et ses jeux !
Un sourire, des fleurs, et vogue l’amourette !
Puis, en un tour de passe-passe, disparaître.

L’une d’entre elle n’accepta pas la fleurette,
Quand elle réalisa que ses gaz avaient une tête !
Que ses maux de ventre n’étaient point du vent !
Mais la tendre arrivée, d’une belle enfant.

Or, la féroce Bagah était entière.
Guerrière, et en aucun cas laitière !
Grande défenseuse des traditions Taurenes,
Elle accompagnait sa cheffe Magatha l’Ancienne.

Ils ne voulaient pas que leur peuple soit fédéré
Le nomadisme, ils avaient juré de conserver
Les Totem-Sinistres, ils se nommeront.
Destructions et meurtres, feront leur renom.

D’une enfant, ces Taurenes ne voulaient guère !
(Que faire ?)
Sans nul doute, la donner à son père !
Ni une ni trois les deux s’entraidèrent,
Et très vite le conteur retrouvèrent.

Chasseur, qui se disait trop solitaire…
Quelle chance voilà qu’il était père !
Mais le preux ne l’entendait point ainsi.
« Libre comme le vent je suis, et, sans pis ! »

Le conteur bohême était embarrassé
Car de ses gènes, il avait la fierté !
Qu’offrir à cette créature nouvelle-née ?
Quel leg, quel trophée, quels présents trouver ?

Son tableau de chasse étant à son image,
Quoi de mieux qu’un collier de coquillages !
Patte d’oiseau, dents de loups et sanglier
Pépite d’or, rubis, pierres et fil tressé !

Ce bel atour constitué il donna
À la jeune mère Bagah qui l’accepta.
La Taurene partit sans dire un mot,
Et au retour, fabriqua un berceau.

C’est à Mulgore qu’elle trouva que faire.
Lac Taureau-de-Pierre, grand jour de Prière…
Elle déposa l’enfant près des roseaux,
Pour qu’une tribu récupère le Cadeau.

Puis dans la nuit sans bruit elle repartit.
La guerre n’attendait pas, c’était sa vie !
Le chasseur conteur pria pour le petit être,
Lui souhaitant le meilleur : devenir ancêtre.

Pour le peuple Tauren, nomade des plaines,
L’heure du choix approchait, anxiogène !
L’avenir était trouble et instable,
Y vieillir sera un acte honorable.

Lutter contre les Centaures pour pex
Devenant chaque jour plus complexe
Certains voulurent alors renoncer
Aux virées champêtres, à la Liberté.

Allaient-ils continuer à vivre à l’ancienne,
Et des Centaures, se faire tailler la couenne ?
Ou bien se fédérer et élire un chef,
Abandonner la vie sauvage, établir un fief ?

Le beau chasseur conteur solitaire
- Ou Cornebise d’Archivent pour ses pairs,
Et Bagah, membre du clan de Magatha,
N’eurent aucun doute quant à leurs voies.

Pour l’un, en Ermite des chemins il mourra.
Pour l’autre, les Totem-Sinistres elle adoptera.
Mais dans l’ombre une autre menace grandissait...
La Légion Ardente…
Ses démons arrivaient…
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