[Présentation aux Marmiteux] : Orchal

L'Ancienne Drakawen était assise derrière le comptoir de l'auberge des Marmiteux, ses mains usées par le temps et le labeur posées sur le zinc en bois. Elle sourit quand l'imposant Tauren Orchal passa la porte.

La Druidesse Taurène aux poils argentés lui fit signe de s'approcher, et lui désigna une chaise en face d'elle.

Sans attendre, elle se leva, et alla chercher derrière le comptoir une grande chope de bois patinée fendue sur les côtés mais encore étanche. Elle y versa une boisson ambrée, au parfum suave de miel et d'épices.

Elle lui tendit la choppe.

Ils se connaissaient bien, elle était presque sûre qu'il apprécierait la dernière boisson qu'elle avait concocté sur les conseils d'une jeune Pandaren du village. Celle-ci avait eu la gentillesse de lui partager une recette locale.

"Pour toi! Orchal, comment vas-tu? Es-tu bien installé à Tombe-Brume, et qu'est-ce qui t'amène ici de si bon matin?".

L'Ancienne se pencha vers lui pour mieux écouter sa réponse. Elle ne l'avait dit à personne, mais elle entendait moins bien d'une oreille depuis que les terribles Dragons des Iles avaient été terrassés.

Orchal s'installa derrière le bar et regarda Drakawen lui préparer une choppe. Il la remercia d'un signe de tête, et huma le parfum qui se dégageait du récipient, et haussa un sourcil appréciateur. Il leva la choppe en guise de santé, et but une gorgée.

"Ma foi, voilà qui est excellent ! Cette auberge ne désemplira pas si tu es derrière le comptoir."

Il sourit à l'Ancienne.

"Je vais bien, merci. Je ne me suis pas encore vraiment installé, pour l'instant je dors à la belle étoile pour m'imprégner des environs. Et réfléchir au calme."

Il repensa au chemin parcouru, depuis sa jeunesse dans les tribus nomades Taurènes, sa formation de druide, les aventures qu'il avait vécues et sa curiosité qui l'avait poussé toujours plus loin. Jusqu'à cet instant précis.

"Si je suis matinal, c'est que j'ai peu dormi, je réfléchissais à quelle section des Marmiteux rejoindre. Et maintenant que la décision est prise, pourquoi attendre pour l'annoncer ? Quand j'y repense, c'était évident, mais je ne le voyais pas, sans doute tiraillé entre les choix. Trêve de bavardage, j'ai décidé de rejoindre Drakana et les Zinzintelleux."

Il observa la réaction de l'Ancienne. Il respectait son avis : elle était druidesse, et sage. Et elle le connaissait depuis longtemps. Il ne doutait pas qu'elle savait quelle section il rejoindrait avant lui.

Il reprit une gorgée de sa choppe. Vraiment excellent.

"Que dire d'autre que tu ne saches pas déjà ? Je le mettrai sur mon petit carton. Je suis un druide de la griffe, j'ai découvert ma forme d'Ours très tôt, et cela a toujours été ma forme de prédilection, avec celle du félin. Je me suis essayé aux autres techniques druidiques, quand j'étais en Outreterre : équilibre et restauration, principalement parce que Brumfbar remplissait le rôle de l'Ours à l'époque, mais ça ne m'a jamais vraiment convenu. Ce qui peut sembler paradoxal, car l'Ours et le Félin sont les formes les plus sauvages et violentes, alors que ce n'est pas mon caractère. Je me considère plus comme un chercheur de connaissance, et c'est ce qui me pousse à rejoindre les Zinzintelleux. Ce qui ne veut pas dire que je vais cesser de protéger les Marmiteux avec la puissance d'Ursoc."

Il s'interrompit pour reprendre quelques gorgées à la choppe, et laisser le temps à Drakawen d'en placer une.

L'Ancienne observa le Druide Tauren expliquer ses choix avec une attention bienveillante. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres ridées.

"Je ne suis pas surprise par ton choix. Depuis que je te connais, ta soif de curiosité a toujours conduit tes pas. C'est cette curiosité qui t'a mené vers tant de chemins. Tant d'aventures, solitaires ou partagées. Tu n'est pas un combattant ordinaire, ta soif de compréhension du monde qui t'entoure est ce qui te définit le mieux pour moi. N'oublie pas que la curiosité est un atout précieux... et la tienne est grande! Si Mu'sha nous a doté de cette qualité, c'est parce qu'elle nous permet de surmonter nos peurs les plus profondes, et d'éclairer les chemins plongés dans l'ombre. Nous lui devons d'être ici, dans cette auberge, en ce moment."

Elle fit une pause, pour reservir le Tauren qui savourait le breuvage aux arômes entêtants.

"Ne te méprends pas, cher ami. Ursoc t'as doté de la force d'un protecteur. Ashamane de sa férocité. Or, être druide, c'est savoir concilier en soi le calme de la nature et ses tempêtes déchaînées. Tel Druide s'équilibrera mieux en puisant son pouvoir auprès de Mu'sha, quand un autre s’emploiera à guérir grâce à l'essence de la nature. Nous les Druides, sommes des équilibristes adaptables, au plus proches de ce qui nous entoure... mais aussi de ce que nous sommes. Nous héritons des forces complémentaires dont nous avons besoin pour trouver notre place et survivre selon les lois immuables du vivant."

Drakawen lui souria, et leva sa choppe, afin de saluer sa décision.

"Tu as fais le bon choix. Les Zinzintelleux gagneront un chercheur et un curieux passionné. Un professeur, toujours prêt à transmettre ce qu'il a appris. Et les Marmiteux conserveront un protecteur fidèle, qui est aussi capable de les défendre férocement s'ils sont en danger. Quels que soient les chemins que tu empruntes, les Ermiteux sont chanceux de te compter parmi eux. À ta sagesse Orchal. Que la Nature te guide toujours avec clarté, comme elle vient de le faire cette nuit."

Orchal leva sa choppe aux paroles de l'Ancienne. Une fois de plus, Drakawen faisait preuve de sa sagesse. Les deux druides se comprenaient. Ils burent en silence, profitant du calme matinal à l'auberge.

Les premiers clients arrivèrent, Marmiteux, mais aussi quelques villageois, curieux ou souhaitant un peu de changement par rapport à l'auberge de Tomro. Orchal laissa Drakawen servir tout ce monde, échangeant quelques mots avec chacun, puis se leva pour prendre congé.

"Bien, il est temps que je remplisse ma petite fiche."

Au moment où il tournait la tête pour se diriger vers la sortie, il cru voir une silhouette à l'extérieur, derrière la fenêtre. Quand il regarda à nouveau, il n'y avait personne. Sans doute avait-il rêvé.