[Les Chronotrotteuses] Chapitre 1: La genèse

Présentation des protagonistes


Les Chronotrotteuses :

Nostradamuz, Dragon de bronze et fondateur des Chronotrotteuses. Personnage mystérieux, il ne semble pas travailler pour Soridormi, la compagne de Nozdormu, ni pour leurs adversaires du Vol de l’Infini, dirigé par Aeternia. Le Dragon a choisi une forme Naine pour son apparence anthropique.
Mayawela : Taurène marche-soleil et jardinière, fournisseuse de légumes pour les Ermiteux. A longuement travaillé sur un boîtier à remonter le temps pour essayer de sauver sa sœur, décédée en Pandarie; ce pourquoi Nostradamuz l’a finalement recrutée à Dragonflight, lui offrant de nouveaux gadgets pour aider son Vol à corriger les anomalies temporelles.
Ophavia, guerrière mort-vivante. A été sauvée d’une boucle temporelle par Mayawela.
Dolwen, Chronotrotteuse malgré elle dans le cadre d’une mission de sauvetage de ses amies naines égarées, voir ci dessous.

Les trois naines, dont 2 égarées:
Dolwen : Prêtresse naine. Dolwen est née de parents Marteaux-Hardis et Barbe-de-bronze, et suite à un concours de circonstances elle grandit à Ombreforge, le fief des Sombrefers, dans des conditions de santé précaires. Elle s’y lie d’amitié avec deux naines Sombrefer:  Berthilda, qu’elle considère comme sa sœur, originaire d’Ombreforge pendant le joug de Ragnaros, et Catogna, qui grandit “libre” à la Confrérie du Thorium. Pour les sauver, elle intégrera les Chronotrotteuses un moment.
Berthilda, moniale Sombrefer, amie de Dolwen qu’elle considère comme une soeur, a disparu à Tanaris il y a longtemps.
Catogna, mage Sombrefer, amie d’enfance de Dolwen et Berthilda. A disparu à Tanaris il y a longtemps.


Cette histoire fait suite  aux évènements racontés ici

Leur lecture n’est pas obligatoire, mais peut aider à situer le personnage d’Ophavia. Pour les plus pressés, sa fiche de personnage résume son histoire

Protagonistes qui font également leur apparition dans cette histoire, et dont les fiches de personnage ont été postées: la Taurene paladine Mayawela Cornedor, et Dolwen la Prêtresse Naine, et Catogna la mage Sombrefer

La chute, une fois de plus. Une fois de plus ? Non, impossible, et pourtant, tandis qu'Ophavia tombait, elle avait cette impression de déjà-vu.

Elle avait accompli sa mission : traverser la mer sur un drakkar de glace, depuis le Norfendre, porteuse des ordres de son maître, le Roi-Liche, pour son bras droit, la liche Kel'thuzad, qui trônait à Naxxramas. L'ombre de la nécropole flottait encore au-dessus des Maleterres, mais Arthas voulait qu'elle rentre. La Horde et l'Alliance se mettaient en route vers le continent glacé du septentrion, et grâce à Naxxramas, le Roi-Liche comptait bien exercer sa colère.

Ophavia, sa messagère, haïssait son maître, mais la volonté implacable de ce dernier empêchait toute rébellion. Ainsi, elle avait obéi, et s'était présentée devant la Liche. Cette dernière aussi avait obéi, et Naxxramas faisait maintenant vol vers le Norfendre. Mais sans la messagère... Était-ce son tempérament rebelle ? Le mépris qu'elle se permettait d'afficher envers ce Fléau auquel elle appartenait à son corps défendant ? Le fait qu'elle ait été retardée dans la livraison de son message ? Ou peut-être parce qu'elle avait jadis, en tant que paladine, défendu en vain avec Uther l'urne des Menethil, qui avait servi de réceptacle pour le défunt Kel'Thuzad, avant qu'il ne devienne liche ? Elle ne le saurait sans doute jamais, mais Kel'thuzad avait ordonné à son dragon de compagnie, Saphiron, de la larguer quelque part au-dessus des Maleterres.

Ainsi elle tombait... Encore ? Toujours cette impression de déjà vu. Elle doutait survivre à la chute. Cette deuxième mort (troisième mort ? Millième mort?) serait la dernière : l'impact serait tel que son corps serait réduit en miettes. Est-ce que ça suffirait à la libérer ? Elle l'espérait. Le sol se rapprochait, ça ne durerait plus très longtemps.

"Oh Lumière, laisse-moi mourir enfin..." sa dernière prière. Ou peut-être pas ?

Ophavia la vit : la Lumière. Une étincelle d'abord dans le ciel des Maleterres. Puis comme une bulle qui grandit et menace d'éclater. Une bulle... de sable ? L'impression de ralentir... Non, plus qu'une impression, elle ralentit vraiment, avant de se stopper complètement, en douceur et de flotter là, face à ce qui est maintenant un tourbillon tranquille de sable. Et au centre de ce tourbillon, sous ses yeux morts et pourtant effarés, une main énorme à trois doigts qui se dirige droit vers elle.

Iles aux Dragons, époque des problématiques avec Nozdormu et Morchie

L’anneau du monocle effectua sa troisième rotation. Cible verrouillée. Presque, elle y était presque. Pas trop vite. Pas trop brusquement. Se pencher un peu, mais pas trop. Puis se redresser soudainement, bloquer sa respiration.  

Ça y est, l’implant envoie le signal.

C’est bientôt le moment.

Bientôt.

Pas encore.

Le sable brouillait la vue de la grande silhouette concentrée sur son objectif, mais cela n’avait guère d’importance. Elle avait foi en ses lunettes tankatroniques, un pur chef d’œuvre d’ingénierie, et dans le boîtier qui enregistrait toutes les informations relevées.  Celui-ci renvoyait en feedback le guide mental dont elle avait besoin pour opérer. Pas besoin d’y voir clair. Au cas où cela ne suffisait pas, elle pouvait toujours compter sur la lumière, sur An’she, pour la guider. Du moins c’est ce qu’elle croyait.
 
Pourquoi est-ce que cela se passerait mal ? Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

Cible prête à être récupérée.

3…
2…
1…
 
Il fallait être prompt. Elle ne disposait que d’une seconde. Elle avait négocié plus, mais ce Nostradamuz avait été intraitable. Soit elle réussissait, et elle intégrerait sa… brigade ? Son club privé ? Sa milice? Soit elle échouait et elle y laissait la vie. Ce qui était impossible, puisque son matériel était à la pointe de la technologie et qu’An’She veillait sur elle. Bien sûr, qu’elle était capable de récupérer la cible et de l’extirper de l’anomalie temporelle qui provoquait sa chute infinie. En une seconde, par contre... Mais elle n’avait pas le choix, le boîtier ne pouvait pas lui permettre de faire durer ce déchirement temporel plus longtemps.

CONTACT.

La Taurene Marche-soleil extirpa d’abord une main pâle. Une frêle silhouette décharnée suivit. Une réprouvée. Une réprouvée ?! Mais nom d’un légume du soleil, comment s’était-elle retrouvée dans pareille situation ?

Elle la tenait. Elle lui tendit une deuxième main, et l’agrippa par le bras. Le monocle envoyait la position de la cible précisément à Mayawela Cornedor, au moyen de l’implant qui communiquait avec son nerf optique.

Ne pas la lâcher.

Elles tournoyèrent dans la spirale de sable. Leurs regards se croisèrent. Ou plutôt ils auraient dû, mais la Taurene n’y voyait goutte. Elles tombèrent de plus en plus vite, enveloppées d’un grand halo lumineux. Celui-ci absorba la chute, alors qu’elles touchaient le sol.

La sensation du sable chaud crissant sur sa langue n'avait pas grand-chose à voir avec celui de la terre meuble des Maleterres qu'elle avait goûté quelques semaines plus tôt, en s'extrayant de la tombe grossière dans laquelle on l'avait jetée. Ophavia releva la tête. Le sable s'écoula de ses orbites vides, de sa bouche, de ses cheveux, et même des reliquats de ses oreilles quand elle s'ébroua.

La Lumière avait-elle répondu à ses prières ? Elle se souvenait sa chute, avoir ralenti sans comprendre comment, puis une main avait surgi d'un tourbillon lumineux, et l'avait attirée vers elle. Elle avait ensuite eu l'impression d'avoir tourné dans tous les sens dans une tempête de sable, avant d'atterrir lourdement dans une couche plus épaisse de ce même sable. Elle regarda autour d'elle : elle n'était plus dans les Maleterres.

Le ciel était différent : d'un bleu profond, sans nuage. Elle avait eu un bon aperçu de la région dévastée par le fléau, d'abord en la traversant à pied, puis depuis le ciel quand Saphiron l'avait emportée, puis relâchée à très haute altitude : la géographie ne correspondait plus.  

Et puis, il y avait autre chose. Un sentiment curieux de légèreté, de libération. Comme si un poids avait été perdu dans sa chute. Il lui fallut quelques instants pour identifier ce sentiment étrange : la présence oppressante du Roi-Liche avait disparu. Pour la première fois depuis sa mort, elle était seule dans son propre esprit. Elle se laissa tomber en arrière, couchée sur le dos dans le sable, les bras écartés, et fit quelque chose qu'elle n'avait plus fait depuis longtemps : elle rit.

C'est alors qu'un mouvement attira son attention : le sable semblait se soulever à ses pieds, puis explosa, libérant une taurène crachant du sable. Elle ne voyait pas ses yeux, dissimulés derrière d'épaisses lunettes couleur bronze, dont un monocle tournait sur lui-même, éjectant par la même des grains de sable.

Ophavia chercha son arme par réflexe, avant de se souvenir qu'elle avait été désarmée par les sbires de la Liche de Naxxramas. La taurène la dominait de toute sa taille, Ophavia était toujours sur le dos à sa merci. Mais loin de l'attaquer, elle se fendit d'un sourire et tendit une grosse paluche à trois doigts. Si Ophavia avait encore eu des paupières, elle aurait sans doute cligné des yeux face à cette main tendue. Elle se contenta de la regarder pendant de longues secondes, avant de la reconnaître : c'étaient ces trois doigts qui l'avaient sauvée d'une chute mortelle. Elle accepta la main tendue, et crut bien que son bras allait se détacher quand l'inconnue aux lunettes de bronze l'aida à se relever.

“Heu… Salut… Et merci… Je crois ?”

Elle n’était plus trop sûre de rien.

La Taurène Marche-soleil s'était relevée avec une étonnante agilité. Des années d'exercices quotidiens avaient sculpté ses muscles. Avait-elle réussi sa mission?

Elle attendit de cracher tout le sable qui était entré dans sa bouche et ses naseaux pour en avoir le cœur net.

Pourvu que la cible ait été extraite de cette anomalie temporelle dans son entièreté. Que va faire Nostradamuz sinon? La renvoyer?

Campée bien doit sur ses sabots, elle osa enfin inspecter la Réprouvée.

Avec le bazar actuel dans les lignes temporelles, les missions étaient si nombreuses... Peut-être que ce Dragon de bronze lui en donnera une autre, juste un peu moins difficile, si jamais elle a échoué dans celle-ci?

Elle tendit la main à l'humanoïde, qui balbutia:
 
— Heu… Salut… Et merci… Je crois ?



Mayawela cliqua sur le petit levier situé sur le verre droit de ses lunettes tankatroniques, équipées du module "Iles_botte".

Vérification de l'intégrité corporelle de la cible! Erreur! Erreur! Erreur!

" Oula! Ca va pas fort hein? "

Le compteur d'impacts clignotait, affichant tellement d'avertissements qu'elle appuya à nouveau pour l'éteindre.  
 
Elle se fendit ensuite d'un large sourire. Etait-elle bête! La Taurene venait d'extirper du flux temporel une Réprouvée! Normal que son analyseur de blessures considère qu'elle n'était plus tout à fait en bon état physique. A moins que.... Non, elle semblait entière. Ouf.

La Marche-soleil se tint le plus droit possible, et se présenta enfin.

— Mayawela Cornedor, enchantée. Comme ce sable! Rassurez-vous, vous êtes sortie de votre pétrin! Oh oh oh et regardez-ça, en un seul morceau en plus! Et vous êtes mademoiselle, ou madame?

La pauvre semblait totalement désorientée.

La Taurène griffonna dans son carnet de note: "Demander à Nostradamuz une formation pour une assistance psychologique post-sauvetage des cibles".

Ophavia resta un instant interdite. "Madame ou Mademoiselle"?
Elle avait espéré que sa providentielle sauveteuse allait lui donner quelques explications. Elle la détailla un moment, se demandant si ce n'était pas une passeuse d'âme, chargée de l'emmener dans l'au-delà. Cela aurait pu, mais elle était sûre d'être encore "vivante". Après tout, elle n'avait pas touché le sol, elle avait ralentit avant d'être happée par cette Mayawela. Sans doute dans un portail comme les mages avaient l'habitude d'en emprunter.

"Je m'appelle Ophavia, la mess..."

Elle s'interrompit. Elle n'était plus la messagère du Roi-Liche. Elle avait livré son message, d'une part, et le largage par Saphiron au dessus des Maleterres équivalait sans doute à un licenciement (quoique peut-être abusif). Mais surtout, elle se sentait libre de la volonté qu'exerçait Arthas. Elle n'était plus un membre du fléau.

"Juste Ophavia..."

Elle fit quelques mouvements, pour vérifier que son corps était toujours fonctionnel.

"Sorti du pétrin... Vous parlez de ma chute ? Ou du contrôle par le Roi-Liche? "

Elle regarda autours d'elle : "Où est-ce qu'on est ?"

D'autres questions lui brûlaient les lèvres, comme par exemple pourquoi elle n'était plus sous son influence. Sa dernière question allait peut-être l'éclairer. Elle avait senti l'influence de son maitre diminuer un peu quand elle avait quitté le Norfendre quelques semaines plus tôt, peut-être le portail de la Taurène l'avait-elle emmenée très loin au sud ?

— Le Roi-Liche, dites-vous ? Et vous avez chu... Eh bien, il était temps qu'on vous tire de cette boucle, Juste ! Juste, c'est bien votre prénom, c'est juste? Hi hi, on a dû vous la faire souvent. Je plaisante, Ophavia donc très probablement ! Alors comme ça, vous voulez savoir où nous sommes ? Mmmm. Permettez-moi d'abord de vous présenter mon, euh... mon assistante !

Mayawela fit plusieurs tours sur elle-même, la main en porte-vue. Elle contourna la Réprouvée, jetant des regards derrière la butte de sable à proximité. Contrariée, elle se planta à nouveau devant Ophavia, les bras croisés.

"Disparue! Et elle n'a même pas levé le petit doigt pour m'aider à vous récupérer. Ah, c'est facile de jouer les inspectrices des travaux finis ! Bon, et bien, c'est moi qui vais répondre à vos questions. Où sommes-nous ? Alors la réponse sera à la fois simple et compliquée. Nous sommes... Ici !"

La Taurène fit un grand geste pour désigner l'environnement qui les entourait, une mer vallonnée de dunes de sable. Au loin, d'étranges créatures semblaient se battre avec des draconides, et des portails tourbillonnants de couleur jaune rompaient la monotonie du sable ici et là.

"La fluence du temps ! Les confluences du réel ? Fichtre ! Mais où a-t-elle pu passer l'ASSISTANTE ! Elle connaîtra très certainement le nom précis de cet endroit, c'est là qu'elle a effectué aussi sa première mission pour Nostradamuz. Et c'est elle qui a la carte, surtout! Celle où notre point de rencontre était indiqué. Nous sommes là où nous devions être pour vous récupérer. La réponse vous convient-elle?"

Ophavia regarda autour d'elle, cherchant l'assistante, ou observant les environs. Elle reporta son attention sur la Taurène, qui semblait un peu perdue sans son assistante. Elle ne savait pas où elle se trouvait, ça n'annonçait rien de bon pour la suite.

"Etant donné que vous n'avez pas su me répondre, pas vraiment non. Jamais entendu d'une fluence du temps, d'une confluence du réel. Ni d'une flatulence du songe, si c'était votre prochaine proposition. Est-ce qu'on est dans les Royaume de l'est ?"

La mort-vivante s'interrompit. La Taurène partait dans tous le sens à la moindre question, fallait-il continuer de l'interroger ? Puis, elle tilta sur ce qu'elle avait dit au début. Elle retourna cette information dans tous les sens, cherchant un sens, en vain. Elle décida de se résoudre à questionner son interlocutrice.

"Vous m'avez tiré d'une boucle ? De quoi est-ce que vous parlez ?"

"Étant donné que vous n'avez pas su me répondre, pas vraiment non. Jamais entendu d'une fluence du temps, d'une confluence du réel. Ni d'une flatulence du songe, si c'était votre prochaine proposition.""
   
Mayawela interrompit ses recherches pour regarder Ophavia. Elle avait l'air très perturbée, mais qui ne le serait pas dans pareille situation?
   
Elle ne savait rien des Iles aux Dragons, et il était fort probable qu'elle pense être à l'époque de la domination du roi de la mort. Il faut dire qu'elle y était effectivement il y a quelques secondes à peine.

La Réprouvée lui demanda:
   
"Est-ce qu'on est dans les Royaume de l'est ? Vous m'avez tiré d'une boucle ? De quoi est-ce que vous parlez ?"
   
— Je comprends que ma réponse ne vous convienne pas quant à savoir où nous sommes précisément. C'est parce que cette question importe peu voyez-vous! Peut-être est-ce la flatulence des songes, effectivement! Vous me l'arrachez de la bouche! Ou le Temps des Pets; non des Tempêtes? Ma mémoire n'enregistre aucune information inutile. L'Assistante a la carte, et cela nous a suffit pour vous sortir de là. La boucle. Oui, la boucle! Voilà une question qui est par contre intéressante!
   
Comment lui expliquer que Nostradamuz, le Dragon de Bronze que la Taurène avait rencontré près des Grottes du Temps à Tanaris, et qui était à présent sur les Iles aux Dragons, lui avait demandé de prouver ses compétences en extirpant la Réprouvée de la boucle temporelle dans laquelle elle était empêtrée? Un contrat pas comme les autres, qu'elle avait accepté de la part de cette "vieille connaissance".

Mayawela avait beaucoup étudié le temps plusieurs années auparavant, en plus de ses activités de petite productrice de légumes du soleil pour les Ermiteux. Elle avait conçu un boîtier à partir d'une vieille relique magique censé être capable de le remonter, ne serait-ce que de quelques secondes. Elle cherchait alors à corriger une "erreur du passé" qui aurait permis de sauver la vie de sa sœur jumelle.

Malgré ses efforts auprès des Dragons de Bronze pour les convaincre de manipuler la ligne du temps, aucun n'avait voulu l'aider. Elle avait cherché en vain à augmenter la puissance de son invention.

Ainsi, elle fut fort surprise que Nostradamuz la contacte si longtemps après. Elle avait abandonné toute idée de remonter le temps lors des événements de Shadowlands, par la force des choses : l'âme de sa sœur elle-même lui avait signifié qu'elle devait la laisser là où elle était !

Et voilà qu'à présent le temps devenait fou. Les lignes temporelles étaient complètement sans dessus dessous! Ah, si cela s'était produit quand elle planchait nuit et jour sur son invention, ils auraient été moins tatillons! C'était trop tard maintenant.

L'Ordre de Bronze avait finalement concédé à sa requête: Nostradamuz avait augmenté la puissance de son boîtier. Quelle ironie.

La situation était tellement grave qu'il avait du faire appel à des aventuriers, à l'instar de Soridormi, une nouvelle amie de Nostradamuz, pour les aider à rétablir l'ordre temporel - que cela soit pour les perturbations récentes, comme pour les anomalies temporelles plus anciennes, comme celle dans laquelle était tombée Ophavia.

C'était totalement contre l'éthique de l'Ordre, mais ils n'avaient pas eu le choix. Nostradamuz y avait déjà pensé, il y a longtemps... Il avait même imaginé un nom pour ces aventuriers. Mais oh la la, cela n'était pas permis lui avait-on dis.

Si cette Naine n'était pas venue le trouver, l'interrogeant sur les "Chronotrotteurs" - un projet qu'il n'avait pas encore mis en place, bien que Soridormi recrutait à tour de bras n'importe qui - il n'aurait pas missionné Mayawella pour les aider, à sa façon, et pour rendre son projet réel!

Nostradamuz avait en effet ses propres méthodes pour libérer les prisonniers du temps, entre autres missions, et ne procédait pas comme Soridormi. Il choisissait soigneusement ses "mercenaires".

Ainsi donc, dans un futur proche, il avait réellement engagé des aventuriers et des aventurières lui aussi, et ceux-ci avaient dû remonter le temps et trouver cette Naine. Qui était venue ensuite l'interroger, et lui demander de l'aide pour une autre anomalie; elle en savait plus que lui sur l'identité des personnes recrutées!

Les lignes temporelles étaient toujours pleine de surprises, autant que de dangers.

Il fallait d'urgence rétablir l'équilibre, fermer le plus de portails possibles, et éradiquer les déchirures et accrocs dans la trame du temps, particulièrement quand celles-ci emprisonnaient des êtres vivants car ils continuaient d'émettre des ondes, et celles-ci pouvaient se réverbérer à l'infini en cas d'échos.

Il avait confié à la Naine une pierre magique pour l'aider à fermer un des portails, et amplifié le boitier de la Taurène pour qu'elle crée une déchirure temporelle proche de celle où se trouvait coincée la Réprouvée. Quand Ophavia en fut sortie, elle se résorba, absorbant dans sa cicatrisation accélérée la nouvelle plaie béante temporelle.

Un mal pour un bien, un bien pour un mal, et dans le monde de Mayawela, le bien annulait le mal.
   
La Naine avait fermé le portail dont elle devait s'occuper quelques heures auparavant, non loin d'ici, juste après qu'une dernière créature en soit sortie, complètement hagarde. Un Humain. Il disparut en titubant dans le désert.

Un peu comme sa compère, qui aurait du se trouver sur la butte.

Mayawela avait elle aussi réussi sa mission. Un succès que la Naine était censée rapporté à Nostradamuz.
   
Comment le retrouver d'ailleurs vu que c'était son "assistante" qui avait la carte sur elle?

La Taurène reprit sa réponse:

"Bonne question, la boucle, très bonne question! Et non, nous ne sommes pas dans les Royaumes de l'Est. Oh j'ai le plaisir de vous annoncer que le Roi Liche n'est plus. Le bien a triomphé! Il triomphe toujours."

Mayawela ignora la Réprouvée quelques instants pour reprendre ses recherches, poussant des soupirs à fendre l'âme. Heureusement, elle avait noté qu'il existait un vol express vers la capitale, Valdrakken, non loin d'ici. Il aurait été plus simple de se rendre directement chez leur commanditaire.

"Ah la la, on ne peut pas faire confiance aux autres. Elle aurait du être là! Poussez-vous, je vous montre. Lààààààààà! Sur cette butte! Précisément. Elle devait observer ma maîtrise, mon art du sauvetage temporel, et en prendre de la graine! De la graine de légumes de soleil Hi hi hi!

La Taurène se reprit, et regarda à nouveau Ophavia, qui ne rigolait pas du tout et semblait consternée. Nostradamuz ne lui avait donné aucune consigne concernant le destin des cibles qu'elle devait sortir de ces boucles. Elle était peinée de voir tant de désarroi, le même que celui ressenti par cet Humain sorti tout droit du portail fermé par la Naine tout à l'heure.

Cette Réprouvée aura un sacré choc en apprenant tout ce qui s'était passé depuis la fin des évènements du Roi Liche!

La nouvelle était positive, puisqu'elle allait découvrir une forme de... "liberté"... - Quoique, était-on libre quand on subsistait dans la non-mort? - mais les nouvelles menaces étaient tout aussi graves que celle qu'elle avait vécu à l'époque ou le Norfendre avait la côte.

Mais après la glace, le feu. Mayawela s'interrogea sur la prochaine nature dominante du futur mal qui ne manquera certainement pas de les frapper après en avoir fini pour de bon avec les horribles dragons de ces îles. La terre! Ensuite le vent?

Soudain, elle s'exclama, se tournant vers Ophavia.
   
"LA CONFLUENCE TEMPORELLE! Nous sommes à la Confluence Temporelle, dans la région de Thaldrasuce, sur les Iles aux Dragons. Ah ah! Alors que cette information était inutile."      



Mayawela afficha un air satisfait d'avoir retrouvé le nom de cette mer de dune.
     
Elle poursuivit: "Les Iles aux Dragons, c'est un nouveau territoire que nous explorons depuis plusieurs mois; il est rempli de magie, et d'anciens dragons. Certains veulent détruire notre monde. Mais ça on ne le savait pas en accostant sur ces îles. Je ne devais pas y aller normalement, mais on est venu me chercher à Micolline, en Pandarie; la Pandarie, ça vous dit quelque chose? Mmm. Attendez. Ah. Je cultivais mes légumes pour les Ermiteux, bien tranquillement, quand cette Naine, Dolwen - mon assistante - a débarqué dans mon potager. Elle était envoyée par Nostradamuz. Il recrutait parmi les meilleurs aventuriers. Ah, vous ne savez pas qui c'est non plus... J'imagine que je vous parle le Murloc là. C'est un dragon de bronze! Alors lui, vous l'avez peut-être connu remarquez! Il vivait à Tanaris, Avec ses copains ils volent en rond au-dessus de l'entrée d'une gigantesque grotte. Bon, reprenons du début. Le Roi Liche."

Il y eut soudain un flash. Un éclair de lumière qui l'aveugla quelques instants - le comble pour une Marche-Soleil - avant qu'elle ne se sente enveloppée dans une sorte de "ouate" transparente à la lueur diffuse.

"Que... Qu'est-ce qui se passe?"

Juste à côté d'elle, la Réprouvée semblait avoir été frappée par le même phénomène.

La Prêtresse Naine blonde à l'épaisse chevelure et à la robe teintée de pourpre et de vieux rose scruta une dernière fois l'horizon. L'Homme qui s'était échappé du portail temporel juste avant qu'elle ne le ferme avait couru comme un dératé dans le désert. Par chance - ou par malheur! - il était tombé sur une patrouille d'agents du vols de bronze, chargée de réparer l'équilibre brisé des lignes temporelles des lieux.





Elle poussa un soupir de soulagement. Il était en sécurité, pensa-t-elle - peut-être à tort. Elle pouvait retourner auprès de la Taurène Mayawela.

Les lieux grouillaient de créatures diverses et variées, toutes sorties de mondes parallèles. On trouvait aussi ici et là des reliques et objets d'autres Mondes qui avaient également été expulsés. Quelle pagaille!

Des aventurier(e)s de toutes factions avaient été mobilisé(e)s par Soridormi pour aider les Dragons de Bronze à rétablir l'ordre, et à fermer les failles temporelles; mais cela ne suffisait visiblement pas.

Quant à elle, celui qui l'avait engagé faisait aussi parti de ce Vol, mais il était considéré comme un marginal par ses pairs. Si elle se trouvait présentement à réaliser des missions pour lui, ce n'était pas pour sauver Thaldrazsus du chaos dans lequel le Vol de l'Infini l'avait plongé, mais pour une toute autre raison, beaucoup plus personnelle initialement.

La menace qui frappait les Iles aux Dragons l'avait ensuite happée comme les autres, et pour Soridormi, comme pour Nostradamuz qui l'avait missionnée avec Mayawela, il était impératif de faire un "peu de ménage" avant de s'occuper du motif qui avait provoqué sa présence en ces lieux.

Le Vol de l'Infini poursuivait un but très précis, mais lequel? Pourquoi créer la pagaille dans cette région des Iles? Il se chuchotait qu'ils voulaient faire "revenir" leur grand chef... Un certain Murozond, qui serait une version corrompue d'une autre époque de l'Aspect du Temps Nozdormu.

Il était impensable qu'il y parvienne, que le Vol de l'Infini parvienne à dompter le Temps impunément. Inconcevable. Que se passerait-il alors? Que deviendraient les Autres Mondes, est-ce que tout se mélangerait? Est-ce que tout s'effondrerait?

Elle avait dû exécuter la mission de cet autre Dragon de Bronze, Nostradamuz, avant de s'occuper de celle qui la préoccupait initialement.

Quand elle était venue le trouver, quelques années auparavant, pleine d'espoir de résoudre le mystère qui la hantait jour et nuit depuis des années, les lignes temporelles n'étaient pas aussi bouleversées.

Nostradamuz l'avait poliment mise à la porte, quand bien même elle lui avait évoqué la présence d'une anomalie temporelle dans une certaine région d'Azeroth - non loin des Grottes du Temps - et qu'elle jurait qu'elle avait des témoins (même si l'un d'entre eux, une Naine prénommée Tarole - où était-ce Carole? - n'était pas bien sobre le jour ou l'évènement s'était produit, et que son récit évoluait en fonction du nombre de chopines ingurgitées). Son acolyte, Grunedaldur, un Nain Barbe de Bronze avait quant à lui été formel.

Une déchirure spatiale avait eu lieu, et ses mercenaires avaient disparu. Comme ça, en une seconde. Il avait vu leur image se brouiller, leurs silhouettes se figer, puis disparaître. Toutes leurs affaires étaient restées sur place. Ce n'était pas une disparition volontaire: elles avaient même laissé leur solde sur le sable, un généreux pactole avait-il précisé!

Il s'était empressé de le récupérer, "au cas où elles reviendraient un jour, bien sûr".

Voilà ce que les deux Nains avaient confiés à Dolwen, quand celle-ci s'était rendue à Tanaris quelques semaines plus tard, inquiète de ne pas avoir de nouvelles de sa sœur de cœur, Berthilda Soufflepierre, et de son amie la plus proche, Catogna - avec qui elle avait grandi et fait les quatre cents coups quand elles étaient toutes jeunes.

Berthilda et Catogna étaient devenues des mercenaires de l'Expédition Zuldorado, dirigée par le célèbre Grunedaldur Barbebrousse.

"Disparues. Disparues?! "

Dolwen avait secoué les deux Nains comme des pruniers pour avoir plus de détails sur "l'incident". Où étaient-elles précisément quand cela s'était produit? Quand était-ce? Après quelle excursion? Et comment les retrouver?  

Le Nain avait haussé les épaules. Ce phénomène le dépassait totalement. Il détestait tout ce qui était rationnellement incompréhensible.

"Bah, ne vous inquiétez pas, je retrouverai d'autres mercenaires si elles ne reviennent pas, et des moins coûteuses je vous l'dis! Catogna m'a rendu pauvre! Et Berthilda m'empêchait de vendre nos trouvailles archéologiques, "sacrilège pour les Anciens" gnin gnin gnin!".

Oh si, Dolwen s'inquiétait, mais pas pour les mêmes choses que le Nain Barbe de Bronze.

Les Grottes du temps se situaient non loin, et ses amies avaient dû faire une mauvaise rencontre; quand elle était allée y interroger les Dragons qui gardaient l'entrée, ils lui avaient parlé de "traîtres", d'un Vol capable de faire disparaître effectivement des êtres vivants.

Il y avait plusieurs déchirures temporelles à Tanaris et le Vol de Bronze empêchait qu'elles ne se réouvrent. Il subsistait des micros failles temporelles qu'ils n'avaient pas encore réparées. Ses amies avaient dû tomber sur l'une d'entre elles, alors qu'elles recherchaient des indices sur l'emplacement de supposées Cités d'Or que Grunedaldur cherchait désespérément, au point d'avoir engagé des mercenaires pour cela.  

C'est Berthilda, une Naine Sombrefer guerrière reconvertie en Moine, qui avait accepté le contrat du Nain la première, et qui avait recruté ensuite son amie Catogna, Mage émérite - également Sombrefer - provenant de la Confrérie du Thorium. Dolwen n'avait pas pu les accompagner, la prêtresse Naine à la peau pâle était de constitution trop fragile.

Grunedaldur l'avait recalée. Dolwen était restée dans les Hautes Terres, en compagnie des Nains et Naines Marteaux Hardis des environs.

Elle en avait fait du chemin depuis cette époque, et les événements de la fin Pandarie. C'est peu après ceux-ci que ses amies avaient disparues. Depuis des années, elle les cherchait. Que de régions parcourues à la recherche d'indices!

Survivre.

Elle s'était battue. Elle s'était entraînée, sans relâche, seule, pour être capable de voyager. Elle avait appris à maîtriser les rudiments de la puissance de l'Ombre. Elle ne savait que soigner par la Lumière, et tenait à peine debout quand Catogna avait quitté leur nouveau logement dans les Hautes Terres du Crépuscule, pour rejoindre l'Expédition Zuldorado. L'appel de l'aventure avait été irrépressible pour la Naine Exploratrice.

Elle avait promis à Dolwen de lui écrire régulièrement entre deux expéditions; celle-ci avait attendu impatiemment de ses nouvelles. De leurs nouvelles, puisque sa sœur était aussi là-bas.

La Prêtresse avait reçu un premier courrier à leur départ, de Berthilda; puis un autre lors de leur séjour en Pandarie. Ensuite plus rien. Les semaines étaient passées.

Dolwen avait eu ensuite plus d'informations à Tanaris auprès des Explorateurs Grunedaldur et Farol. C'était la dernière halte dont elles lui avaient parlée, celle où les Naines s'étaient volatilisées ensuite dans le désert.        
 
Sa visite aux Grottes du Temps, et sa rencontre avec Nostradamuz, qui gardait l'entrée avec d'autres Dragons de Bronze, l'avait éclairée sur l'existence d'anomalies locales dans la trame du temps, et la possibilité que les Naines en aient été victimes.          

Seulement voilà, il avait refusé de se mobiliser pour aider Dolwen à retrouver ses amies, car ses compères et lui étaient déjà missionnés pour d'autres tâches prioritaires.

La Taurène Mayawela n'avait pas eu plus de chance, quand elle leur avait demandé une amélioration de son boîtier à voyager dans le Temps pour qu'elle puisse sauver elle aussi sa sœur.

A la différence de Mayawela, qui avait pu revoir sa jumelle en Ombreterre, et entendre de son âme qu'elle y était très bien, Dolwen n'avait jamais retrouvé Berthilda, ni sa chère Catogna. Même en Ombreterre; elle y avait passé de longues années à rechercher leurs âmes, au cas ou le pire se serait produit en Azeroth. Quel soulagement de ne pas les y avoir trouvées!

Quelle surprise aussi, quand un collègue Nain lui avait annoncé avoir croisé Berthilda là haut, en chair et en os, alors qu'elle venait tout juste de redescendre en Azeroth. Non seulement il y avait vu sa sœur, mais celle-ci l'avait même aidé à résoudre une épineuse mission. Elle était on ne peut plus vivante et en bonne santé. Or, Berthilda ne l'avait pas contactée.

Dolwen en avait été estomaquée.

Alors que la Prêtresse se remettait en route à Thaldrazsus pour rejoindre Mayawela, à quelques dizaine de mètres, elle songea aux propos que son ami Nain, du nom de Durandil - alias Dur - lui avait rapporté alors qu'elle ne pensait plus les revoir un jour. Du moins, pas ici-bas. C'est grâce à ce qu'il lui avait rapporté que Nostradamuz avait enfin fini par accepter de l'aider. À la condition qu'elle aide les Dragons de Bronze avant!
 
Dur avait confié ceci:

Berthilda lui était apparue, comme venue de nul part, hébétée. Ils se connaissaient pour avoir fait leurs armes ensemble dans un Monastère de Pandarie. Durandil était Paladin dans une ancienne vie, et Berthilda Guerrière. Ils s'étaient formés aux arts martiaux suite à un tragique concours de circonstance les ayant conduits en ce nouveau lieu à l'époque.
         
Lors de la terrible ascension du Geôlier par la suite, Dur avait eu à ce moment-là besoin de l'aide de toutes ses relations, qu'il avait convoquées en Ombreterre. Aussi ne s'était-il pas étonné de voir apparaître son amie Berthilda; il savait qu'elle viendrait à la rescousse pour le sauver de sa malédiction avec ses amis, pour la plupart membres comme lui d'une organisation militaire qui militait pour sauver les Royaumes du Nord (une longue histoire!). Si bien sûr elle n'avait pas disparu!
   
Elle semblait perturbée, mais il l'était beaucoup plus qu'elle à ce moment, et s'était dit qu'elle avait dû partir en vacances quelque temps, ou autres péripéties qu'elle pourra lui raconter après son propre sauvetage. Dur était vraiment mal en point, et pas en état de s'enquérir davantage sur ce qu'était advenue Berthilda toutes ces dernières années. Il avait été content de la revoir, il savait que Dolwen la cherchait partout, et s'était inquiété lui aussi. Ainsi, elle l'avait retrouvée! Et elle semblait aller bien.
   
Dolwen n'était pas du tout au courant de sa réapparition, et était tombée des nues quand il lui en avait parlé, à son retour de l'Ombreterre. Berthilda était restée un temps avec lui la haut, et avec une autre de ses amies Naines qu'elle avait aussi aidée, puis elle avait disparu à nouveau. Sous son nez, subitement. A la différence qu'elle n'avait pas disparu toute seule!
       
Une Taurène, accompagnée d'une Réprouvée, avaient surgi d'un portail jaune, et avait agrippé la Naine pour l'y entrainer sans plus de protocole. Berthilda s'était à nouveau volatilisée après ce rapide retour en Ombreterre. Mais que lui était-il arrivé depuis son expédition à Tanaris, à la fin des évènements de Pandarie? Et où était la Mage Catogna, qui n'était jamais reparue?

L'ami Durandil se souvenait d'une phrase prononcée par la Réprouvée qui avait "kidnappée" son amie. Quelque chose comme "Chronotrotteuses à la rescousse"? La Taurène géante avait aussi prononcé quelque chose, mais en Taurahé; il n'avait rien compris, n'ayant pas de potion de traduction universelle des créatures humanoïdes de l'autre faction d'Azeroth sur lui.

Voilà tout ce qu'il avait pu rapporter à Dolwen. La Naine avait été plongée dans la plus grande perplexité. Un gros soulagement l'avait toutefois envahie: ses amies étaient donc peut-être encore en vie!!!

Sa quête avait alors prit une autre tournure. Elle n'avait eu de cesse de se renseigner sur la mystérieuse Réprouvée, et sur la Taurène, qui avaient embarqué sa soeur. Elle espérait de tout cœur qu'elles lui permettraient de retrouver Berthilda, et qu'elles savaient aussi où se trouvait l'inimitable Catogna.

Le temps était à nouveau passé. L'enquête avait progressé dans les Iles aux Dragons. Quand Dolwen avait parlé à Nostradamuz des Hordeuses, et des "Chronotrotteuses", il s'était exclamé! "Je l'ai donc fait! Enfin, je le ferai!!! Je vais avoir ma propre brigade du temps!"

C'est là qu'il recontacta Mayawela... et embaucha Dolwen par là même. Ayant des informations sur la boucle temporelle d'Ophavia, il les avait envoyées la sauver, et comptait ensuite la recruter également. Involontairement, Dolwen avait généré une accroche dans la boucle du temps en parlant au Dragon de Bronze d'évènements qui ne s'étaient pas encore produits, mais auxquels il songeait depuis bien longtemps.

Dolwen vit enfin la Taurène. Celle-là même qu'elle avait cherché après le témoignage de Dur. Elle s'appelait Mayawela. C'était une paladine Marche-Soleil. Elle était "Chronotrotteuse", tout comme Dolwen à présent. Avait-elle réussi à sauver sa cible, tout comme Dolwen était parvenue à fermer le portail indiqué par Nostradamuz ? Le Dragon de Bronze les avait formées pour cela. Chacune avait eu une première mission, à réussir inconditionnellement. Ophavia; la Réprouvée qui allait bientôt sauver sa soeur et son amie, si Mayawela réussissait.

— NOOOOON!



Alors que Dolwen approchait, constatant avec un immense soulagement que Mayawela était parvenu à extirper la pauvre Réprouvée de sa boucle infinie, elle aperçut une immense créature contournant la butte sur lesquelles les deux humanoïdes discutaient. Ou plutôt où Mayawela parlait seule à bâton rompu. Un tyrannosaure! Elles ne voyaient pas la menace!  

Dolwen se concentra, rassemblant ses forces; elle s'aida de plumes magiques pour accélérer ses pas, poussa un hurlement digne d'une guerrière, et avant que ce qui semblait être un dinosaure - tout droit sorti d'une anomalie temporelle - ne les croque, elle projeta à distance un bouclier de lumière sur Ophavia et Mayawela.

Suivirent des traits de Lumière...

Jamais Ophavia n'avait vu de Diablosaure. Elle ignorait donc son nom, mais le danger qu'il pouvait représenter lui semblait évident : la taille de la bête, et celle de ses dents surtout, ne trompaient pas. Elle avait là affaire à un prédateur carnivore redoutable, et qu'elle allait devoir affronter sans arme ni bouclier.

Après des années passées au service involontaire du Roi-Liche, on ne pouvait pas la considérer d'un naturel optimiste. C’était même plutôt l’inverse, à faire le sale boulot de son pire ennemi, années après années, tandis que son corps pourrissait lentement, ça ne laissait pas beaucoup de place à l’espoir. Mais sa toute nouvelle liberté, elle comptait bien en profiter. De plus, la présence des boucliers qui les avait enveloppés, la Taurène et elle, indiquait clairement la présence d'un allié. Sans oublier que Mayawela était armée, et plutôt imposante. La morphologie Taurène, comparée à celle de l'humaine décharnée, laissait présager une certaine force. L'armure qu'elle portait n'était pas là pour faire joli, et elle démontra qu'elle savait se battre.

Ophavia se glissa sur le flanc de la bête, frappant le ventre de ses poings. Elle n'allait pas lui faire grand mal, mais cette partie plus charnue, aucune créature n'aime qu'on la maltraite. Mayawela fit face à la bête, armée d'une sorte de grande hallebarde. Vers l'arrière du reptile, elle voyait des sorts de lumière offensive qui s'abattaient dans son dos. Leur mystérieux allié, peut-être la fameuse assistante dont la Taurène avait parlé, était sans nul doute aussi au travail.

Seul contre trois, le Diablosaure fut promptement terrassé. Dans un dernier râle d’agonie, il s’effondra sur le sable.  

Ophavia se retourna vers Mayawela, que l’effort du combat avait essouflée :  

“D’où sort ce monstre ?”



C’est là qu’elle vit la naine, de l’autre coté de la dépouille du reptile. Ophavia eut l’impression qu’elle la regardait avec… espoir ?

Mayawela, encore essoufflée, s'inclina vers le cadavre colossal, l'examinant attentivement avec Ophavia.

— Il semble être sorti d'un des portails, ceux que mon Assistante et d'autres aventuriers ont pour mission de refermer !

La Taurène redressa ensuite la tête pour identifier la provenance des boucliers et des soins protecteurs qui venaient de les aider. C'est à ce moment que le reptile disparut, comme si sa mort avait effacé toute trace de sa présence dans ce monde qui n'était pas le sien.

La Naine se tenait immobile devant elles, le visage impassible.

"Dolwen ! Où étiez-vous donc passée?"

La Réprouvée s'exclama:

— C'est vous l'assistante?

La scène était des plus incongrues pour Dolwen. Qu'elle était loin, la vie tranquille dans les Hautes-Terres du Crépuscule avec ses nouveaux ami(e)s Marteaux-Hardis.

La Taurène reprenait ses esprits, scrutant les environs avec une vigilance accrue. Un portail avait dû apparaître non loin pendant qu'elle expliquait la situation à la Réprouvée. Celle-ci semblait avoir vu une apparition en la personne de Dolwen, l'examinant avec intensité. Cette dernière soutint son regard.

Si la situation n'avait pas été aussi sérieuse, depuis la disparition mystérieuse de ses amies Berthilda et Catogna, la Naine aurait pu esquisser un sourire.

Une Taurène paladine, robuste, qui ne jurait que par An'she, l'œil droit de la Terre Mère, symbolisant le Soleil selon les croyances de son peuple. Une Réprouvée, désarmée et intrigante, émergeant des limbes du temps, tout juste libérée du joug du Roi-Liche. Une Naine au teint pâle. Tout cela dans un désert peuplé d'anomalies temporelles, aux confins des Îles aux Dragons.

La routine en Azeroth.

Elle s'inclina devant les deux membres de la Horde, puis se tourna vers Ophavia.

— Voici donc notre troisième recrue. Dolwen, enchantée et enchanteuse. Et non pas "Assistante". Nous travaillons ensemble, et vous deux n'avez pas été recrutées par hasard. J'étais juste à côté, je m'assurais que l'Humain sorti du portail que j'ai fermé était en sécurité. Mayawela, avez-vous expliqué à notre... amie le motif de son sauvetage?

La Taurène leva les yeux au ciel.

— J'essaie, voyez-vous, mais le tact ça prend quelques minutes damoiselle. De plus, les voies du Grand Dessin sont bien plus complexes qu'il n'y paraît. Nous l'avons appris en Ombreterre. Son futur diffère du peu que vous en avez vu par miracle, en raison de ce chaos temporel généralisé. An'She n'apprécierait pas que l'on préjuge de la Destinée de ses enfants. Votre question n'est pas mauvaise en soi, mais elle n'est pas pertinente.

Dolwen fronça les sourcils. Mais qu'est-ce que la Paladine racontait ?

Elle s'adressa à Ophavia, esquissant enfin un léger sourire, tout en vérifiant qu'aucun portail n'avait encore surgi près d'elles. Leurs missions avaient été un succès, leur preuves étaient faites auprès du Dragon de Bronze.

Il était temps de quitter cet endroit des plus dangereux, et d'aller lui rendre compte des opérations pour passer à la suite délicate des opérations.

Mais avant cela, la prêtresse demanda:

— Madame, comment vous appelez-vous ? Mayawela vous a-t-elle expliqué où nous nous trouvons?

Ophavia tiqua tout de suite : ce n'était pas parce qu'elle avait affaire à une Naine après la Taurène. Elle était au courant des clivages entre l'Alliance et la Horde, et de l'existence d'une branche de morts-vivants appelés réprouvés qui étaient alliés, entre autres, aux Taurens. Des morts-vivants qui n'étaient plus sous le contrôle d'Arthas, elle aurait rêvé d'en faire partie... Elle aurait pu... vivre ? Était-ce une vie, de balader son corps pourrissant à travers le monde ? Elle n'en était pas sûre. Elle s'était parfois dit qu'à la moindre occasion, elle en finirait une bonne fois pour toute, mais elle avait été une paladine de la Main d'Argent, le sens du sacrifice était inscrit dans sa chair, même après la mort.

La question ne s'était jamais posée, Ophavia avait toujours été l'esclave du Roi-Liche. Elle ne regardait donc pas Dolwen comme Mayawela avec des yeux de réprouvés. Elles étaient toutes deux ses ennemis auparavant, mais elle ne faisait maintenant aucune distinction entre les deux, elle les considérait de manière neutre.

Non, ce qui faisait tiquer la mort-vivante, c'était ce terme de recrue. Quand elle parla, son ton s'était durci.

"Comme je l'ai dit à Mayawela, je m'appelle Ophavia. Ne devriez-vous pas le savoir, si vous envisagez de me recruter ? Pour autant que je sois intéressée... Je vous suis reconnaissante, mais ça ne veut pas dire que je veux troquer un maitre contre un autre."

Elle se radoucit toutefois. Après tout, elle avait besoin d'informations, et les réponses de la Naine seraient peut-être plus pertinentes que celles la Taurène. Mais il fallait résister à l'envie d'en poser trop à la suite. Il fallait remettre dans l'ordre les informations données par Mayawela.

Le Roi-Liche était vaincu. Elle était convaincue que c'était la vérité, elle le sentait au plus profond d'elle-même, une sérénité qui ne pouvait exister qu'à cette condition.

Elles se trouvaient sur une îles, aux dragons. Et les deux sauveteuses travaillaient pour un dragon nommé Nosstradamousse.

Le duo l’avait sorti d’une boucle, et Mayawela avait mentionné un sauvetage temporel.

"De ce que j'ai compris, vous m'avez sorti d'une... boucle temporelle ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi m’avoir sauvé, on ne se connait pas ? Comment le Roi-Liche a-t-il été vaincu ? Pourquoi ce Nosstradamousse et vous voulez-vous me recruter ? Où se trouvent cette île aux dragons, je n'en ai jamais entendu parlé ?"

Bon, pour résister à l'envie de tout demander en une fois, c'était un peu raté.

"Comme je l'ai dit à Mayawela, je m'appelle Ophavia. Ne devriez-vous pas le savoir, si vous envisagez de me recruter ? Pour autant que je sois intéressée... Je vous suis reconnaissante, mais ça ne veut pas dire que je veux troquer un maitre contre un autre."

Un maître, contre un autre?

Dolwen regarda la Réprouvée, consternée, tandis que celle-ci poursuivit:

"De ce que j'ai compris, vous m'avez sorti d'une... boucle temporelle ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi m’avoir sauvé, on ne se connait pas ? Comment le Roi-Liche a-t-il été vaincu ? Pourquoi ce Nosstradamousse et vous voulez-vous me recruter ? Où se trouvent cette île aux dragons, je n'en ai jamais entendu parlé ?"

La Naine se tourna vers Mayawela en se mordant la lèvre. Elle était arrivée trop tôt, voilà qui risquait de tout faire capoter. La Taurène n'avait visiblement pas expliqué grand chose à Ophavia! La Prêtresse vit la paladine hausser les épaules, et soupirer en regardant le ciel de Thaldrazsus.

Mayawela passa devant Dolwen, pour avancer d'un pas assuré en direction d'Ophavia, plus que méfiante envers ces deux humanoïdes sorties de nul part. Elle montra du doigt les environs, où les combats perduraient entre différentes créatures sorties de tout temps, par les portails temporels, et les gardiens de bronze, chargés de les renvoyer à leur époque, fusse par la force.

— Je conçois que quelques questions métaphysiques vous viennent à l'esprit, et nous vous répondrons en temps et en heure. Mais voyez-vous, justement, ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour cela. Aussi, vous et l'Assistante allez me suivre vers une zone où nous pourrons discuter de votre ancien maître en toute tranquillité, et pourquoi pas, avec quelques dégustations de légumes locaux. Les produits locaux, y a que ça de vrai pour comprendre les gens du coin en profondeur. Technologie employée, utilisation du produit, recettes. C'est une ingénieure agricole qui vous le dit! Ah. Peut-être que dans votre état, ce n'est pas ça qui vous éclairera le mieux... Moi aussi j'ai des questions à vous poser. Bon, dans tous les cas, partons d'ici au plus vite!

À peine avait-elle finit sa phrase qu'un rugissement bestial strident leur déchira les tympans.

Un dinosaure encore plus gros que celui qu'elles venaient d'affronter passa en courant à quelques mètres d'elles, poursuivit par deux gardiens au service des dragons de bronze et de Soridormi.

Il fallait au plus vite rejoindre l'avant-poste protégé par les gardiens de Bronze et les Marcheurs du temps le plus proche, là où un maître de vol avait été missionné pour réceptionner les combattants et les aventuriers prêts à les aider.

C'est par là qu'étaient arrivées Dolwen et Mayawela, aux "Sables changeants", suivant les consignes de Nostradamousse.

Mayawela activa l'une des fonctions de ses lunettes d'ingénieure, qui détectait les sources de vie à quelques mètres, au cas ou une menace se serait cachée derrière les rochers ou dunes environnantes. Elle dit signe à Dolwen et Ophavia d'être discrètes, et d'avancer dans la direction du petit dôme protégé.

Il y avait plusieurs centaines de mètres à parcourir entre les combats, elles pouvaient être prises pour cible à n'importe quel moment.

Ophavia avait espéré des réponses, mais celles-ci devraient encore attendre. Au vu de la situation alentour, Mayawela n'avait cependant pas tort : l'endroit ne se prêtait pas vraiment à la discussion. Si les premières minutes en ce lieu étrange avaient été calmes, l'apparition du premier reptile, puis d'un autre encore plus énorme, dénotait d'un certain danger, voire d'un danger certain. Ophavia hocha la tête à l'attention de sa sauveuse.

"Très bien, si vous avez un endroit calme pas très loin, je vous suis."

La guerrière s'était un peu calmée. Elle souhaitait toujours des réponses, mais apparemment ses deux compagnes attendaient quelque chose d'elle, elle aurait donc un moyen de pression. Elle avait peut-être un peu exagéré en disant qu’elle ne souhaitait pas de nouveau maître. C’était vrai, évidemment, mais elle se retrouvait en un endroit inconnu, et ces deux-là ne semblaient pas lui vouloir de mal. Désarmée, dans un lieu somme toute hostile, elle n'avait d'autre choix que de suivre, mais par sécurité, restait méfiante.

Le trio se mit en route, avec prudence, se cachant parfois derrière un rocher, ou faisant un détour sur le conseil de Mayawela, dont les étranges binocles effectuaient des rotations frénétiques. La Taurène ouvrait la marche, suivie de l'humaine morte-vivante. La naine fermait la marche, jetant de fréquents coups d'œil en arrière.

Ils croisèrent plusieurs groupes de créatures qu'Ophavia n'avait jamais rencontré comme des Hurans, par exemple. D'autres par contre, elle les connaissait bien, comme des Murlocs. Tous avaient un point commun, ils semblaient suivis par une aura de fines particules de sable.

"Les sables du temps..." murmura Dolwen.

Ophavia n'y comprenait pas grand-chose, entre ces créatures étranges, ces références au temps, ces portails bizarres qui s'ouvraient et se refermaient, et qui ressemblaient fort à celui d'où la main à trois doigts de Mayawela avait surgi pour la sauver. Ce qu’elle comprenait, c’était la nécessité de se mettre à l’abri.

Mayawela guida le groupe d’un sabot sûr. Elles se cachèrent là derrière un rocher, ici dans un buisson, laissant passer un insecte géant, mais progressèrent sans encombre, jusqu’à arriver à un endroit visiblement occupé et défendu par des humanoïdes écailleux à la peau de bronze. Des drakonides, se souvint Ophavia. Ils étaient présents en Norfendre, mais d’une couleur bleue. Ceux là avaient la couleur du bronze… “Ou du sable”, se dit Ophavia.



Cela lui rappelait quelque chose… Tanaris… Elle avait rêvé du désert, de grottes dans les montagnes, de dragons de bronze. Mais elle n’y était jamais allée. Pas dans cette ligne temporelle, mais cela, Ophavia l’ignorait.

Dolwen, Mayawela et Ophavia s’installèrent autour d’une table. Les drakonides, et aussi un Tauren présent, ne s’en formalisèrent pas. Elles étaient à l’abri.



Ophavia avait espéré des réponses, elle les avait eues. Dolwen s’était montré coopérative, et Mayawela avait parfois mis son grain de sel pour détailler tel ou tel point. Et après avoir longtemps parlé, la naine et sa comparse cornue étaient maintenant silencieuses. Ophavia avait écouté avec attention, sans un mot. Le silence s’était abattu sur le petit camp des dragons de bronze. Il dura un certain temps, la morte-vivante étant occupée à savoir ce qu’elle devait faire de toutes ces informations. Elle décida que ce qu’on lui avait dit était la vérité. D’abord parce que cela expliquait l’endroit où elle se trouvait désormais, ainsi que la disparition dans son esprit de la volonté du roi-liche. Et ensuite parce que personne n’aurait inventé une histoire pareille. Si Dolwen et Mayawela avaient voulu la manipuler, elles auraient pu fabriquer quelque chose de plus plausible. Elle accepta donc le concept de voyage dans le temps, même sans en comprendre les principes ou les subtilités.

Cependant, Ophavia voulait être certaine d’avoir bien compris. Elle prit faussement une grande inspiration, ses poumons ne fonctionnant plus depuis longtemps, et la parole :

“Donc, si je récapitule, quand Saphiron m'a larguée au-dessus des Maleterres, la chute ne m’aurait pas tuée, mais je serais tombé dans les griffes d’un dragon maléfique qui cherche à altérer le cours du temps. Elle m’aurait renvoyé dans le passé, à Stratholme pour convaincre Uther d’empêcher Arthas de purger la ville. Le plan n’aurait pas fonctionné, et j’aurais repris vie, tout oublié des événements postérieurs à la purge, et j’aurais ensuite revécu à ma vie à nouveau, jusqu’à ma mort, puis en tant que membre du fléau, jusqu’à ce que Saphiron me largue à nouveau dans le ciel des Maleterres. Et j’aurais tourné en boucle comme ça, personne ne sait combien de fois, car à chaque fois les mêmes actions auraient engendré les mêmes conséquences, et je répétais les mêmes erreurs car je ne me rappelais jamais de rien quand je retournais à Stratholme.”

Ophavia s’arrêta un instant, guettant un signe de la part de ses deux interlocutrices. Elles semblaient d’accord avec ce résumé, aussi continua-t-elle :

“Pendant ce temps, façon de parler, le monde continuait de tourner, Arthas a été vaincu, et bien des années plus tard, sur ces îles aux dragons, des fluctuations temporelles, dont la mienne, menacent de provoquer une catastrophe, donc vous l'avez interrompue et m'avez ramenée à cette époque.”

Elle arriva au terme du résumé, et décida de pousser la réflexion et d’offrir sa propre conclusion. Elle avait tendance à voir le temps comme quelque chose de linéaire, passé, présent, futur. Apparemment, c’était plus compliqué que ça, mais elle s’en contenterait pour le moment.

“On peut dire que j’ai fait un bond dans mon futur, qui est votre présent, quand Mayawela m’a attrapé avant que je ne m’écrase. Il a dû se passer pas mal de choses, je vais devoir prendre des cours d’histoire? ”

Le trio resta assis encore plusieurs minutes aux Sables Changeants, petit campement des Dragons de Bronze. La Naine était rassurée. Pour le moment!

Les explications données à la Réprouvée semblaient avoir été suffisantes pour qu'elle baisse légèrement sa garde envers elle et sa nouvelle compère Taurène Mayawela.

Il était crucial de ne commettre aucune erreur qui pourrait compromettre leur alliance naissante. Nostradamuz avait un plan précis impliquant chacune d'entre elles!

Or, la prochaine étape était celle pour laquelle justement la Prêtresse Naine était ici, et s'était engagée à accomplir des missions de sauvetage temporelles variées pour le vieux Dragon de Bronze. Elle avait obtenu un ordre de priorité pour accomplir le prochain sauvetage, qui ne pouvait se réaliser qu'avec Ophavia.

Dans un premier temps, Mayawela devait secourir Ophavia pendant que Dolwen refermait divers portails temporels dysfonctionnels aux alentours. Une fois cette étape accomplie, elles devaient faire connaissance et revenir ensemble vers Nostradamuz pour recevoir leur prochaine mission.

Leur réussite pour la suite dépendra de leur unité. Or, on ne pouvait pas imaginer une équipe aussi disparate. Leur seul point commun était leur rapport à la Lumière. Deux paladines, et une prêtresse...

Enfin, elle allait bientôt retrouver sa sœur de cœur Berthilda, et sa chère amie Catogna, deux victimes elles aussi de ces anomalies temporelles. A la condition qu'Ophavia se montre coopérative et accepte d'intégrer leur petite équipe!

Bien que la Réprouvée semblât moins sur la défensive, Dolwen restait prudente. Elle ne pouvait se permettre de commettre d'erreurs avec elle.

Dolwen prit acte des explications d'Ophavia sur ses péripéties à Stratholme, et ses hypothèses quant à la boucle dans laquelle elle était tombée, hochant la tête comme si elle comprenait.

Pendant ces événements, elle était avec les Marteaux-Hardis dans les montagnes, en compagnie de Catogna. Elle ne connaissait que quelques grandes généralités sur cette période de l'histoire. Heureusement, Mayawela semblait avoir tout compris, et poussait des "oh" et des "ah", assortis de "mmmm" compréhensifs, tout en nettoyant ses lunettes d'ingénierie, essayant de ne pas les rayer avec le sable.

Ophavia:

“Donc, si je récapitule, quand Saphiron m'a larguée au-dessus des Maleterres, la chute ne m’aurait pas tuée, mais je serais tombé dans les griffes d’un dragon maléfique qui cherche à altérer le cours du temps. Elle m’aurait renvoyé dans le passé, à Stratholme pour convaincre Uther d’empêcher Arthas de purger la ville. Le plan n’aurait pas fonctionné, et j’aurais repris vie, tout oublié des événements postérieurs à la purge, et j’aurais ensuite revécu à ma vie à nouveau, jusqu’à ma mort, puis en tant que membre du fléau, jusqu’à ce que Saphiron me largue à nouveau dans le ciel des Maleterres. Et j’aurais tourné en boucle comme ça, personne ne sait combien de fois, car à chaque fois les mêmes actions auraient engendré les mêmes conséquences, et je répétais les mêmes erreurs car je ne me rappelais jamais de rien quand je retournais à Stratholme.”

Mayawela était restée polie et écoutait sagement la Réprouvée leur parler d'Uther, du Roi Liche, et d'un vilain Dragon. En d'autres circonstances, elle eut été fort intéressée. Elle adorait les histoires, comme bon nombre de ses congénères Taurens.

Hélas, ses estomacs grouillaient, et elle avait du sable coincé dans un mécanisme de ses lunettes. Il y en avait aussi qui était rentré dans son pantalon déjà peu confortable en plaque, ce qui l'incommodait au plus haut point, et l'un de ses nouveaux gadgets dissimulé sous son torse en plaque lui tirait les poils. Son équipement était de plus très lourd, c'était loin d'être la tenue de plage idéale.

Elles étaient attendues à l'auberge par Nostradamuz pour rendre compte du sauvetage, mais elle ne voulait pas brusquer Ophavia non plus. Il allait toutefois bien falloir partir d'ici bientôt. La Taurène brûlait d'impatience de récolter les fruits de son travail, au propre comme au figuré.

C'est à dire, un guide sur la meilleure façon de cultiver les fruits et légumes locaux. Elle avait des clients à satisfaire, parmi lesquels les exigeants Ermiteux, et les nouveautés en légumes et fruits exotiques figuraient en bonne place dans son catalogue de vente.

Nostradamuz lui avait laissé entendre qu'elle aurait ce guide après la réussite de sa première mission, et vue qu'Ophavia était revenue entière, c'était un succès. Elle avait aussi très hâte de rentrer se changer à la capitale, et d'améliorer son équipement.

La Naine quant à elle ne pensait qu'à la prochaine mission.

Des années de recherche infructueuses. Des années d'inquiétudes. Des années de voyage pour retrouver Berthilda et Catogna, sans succès. L'heure était enfin venue, si tout se passait comme "prévu", et si Ophavia coopérait!

Dolwen revoyait encore la tête de Nostradamuz quand elle lui avait rapporté les propos de son ami Paladin Nain Durandill.

Les deux dames avaient attrapé Berthilda, après qu'elle ait aidé Dur en Ombreterre, en criant:

" Nous sommes les Chronotroteuses, suivez-nous si vous voulez vivre!”

Nous sommes les Chronotroteuses, suivez-nous si vous voulez vivre...

Dur n'avait rien pu faire pour la retenir. Il n'avait déjà pas compris comment elle avait fait pour le rejoindre et l'aider en Ombreterre, alors que Dolwen lui avait confié qu'elle avait disparu depuis des années.

Dolwen n'avait pas compris non plus. Sa sœur réapparaissait subitement en Ombreterre, aidait Dur, puis repartait aussi sec sans même la prévenir! Et où était Catogna? Elles avaient disparu ensemble à l'époque!

Toutes ces questions étaient restés en suspens, jusqu'à ce que le lien soit fait avec les Dragons de Bronze!

Berthilda et Catogna avaient sûrement été victimes d'une anomalie temporelle, et pour une raison mystérieuse, Berthilda était réapparue un bref instant en Ombreterre, avant de disparaître à nouveau dans un vortex temporel, "kidnappée" par les "Chronotrotteuses".

C'était elle, la 1ere Chronotrotteuse. Suivie de Mayawela. Puis d'Ophavia.

Mais ça, elles l'ignoraient toutes les trois à l'époque. C'était tout le paradoxe des voyages dans le temps!

Il était temps à présent d'accomplir cette mission de sauvetage, et de sortir Berthilda et Catogna des griffes de leur ancienne anomalie temporelle.

Nostradamuz ignorait beaucoup de choses quant au devenir des Naines; d'après lui, il avait dû y avoir un problème après le sauvetage, mais il ignorait lequel. Dans tous les cas, il fallait rejouer la même situation!

Trois Chronotrotteuses. Unies par la Lumière, à la rescousse de Catogna et Berthilda.

Que se passera-t’il ensuite? Il l'ignorait tout autant que Dolwen, mais il fallait essayer!

Dolwen n'eut pas le temps d'expliquer tout cela à Ophavia; Mayawela sauta sur ses sabots, et leur fit signe de s'adresser au Maître de Vol du petit campement.

Elles étaient attendues à une heure précise, et on ne fait pas attendre un Dragon de Bronze au bord de la crise de nerf. L'ordre de Dragons était débordé de toutes parts en ce moment, inutile d'en rajouter!

Maywela avait un doute sur ce vieux Dragon; ne tenterait-il pas de concurrencer les Marcheurs du temps avec ses Chronotrotteuses? Elle avait été démarchée par les Marcheurs, comme bon nombre d'aventuriers actuellement, mais il lui avait fait signer un contrat d'exclusivité. Soit. Peu importait son commanditaire, tant qu'elle obtenait une contrepartie intéressante pour les missions réalisées.

Vivement le mode d'emploi de ces beaux légumes exotiques, pensa-t-elle alors que le trio de choc s'envolait sous le soleil couchant, survolant l'immense étendue de sable où résonnait encore le cri des batailles.

Dolwen ne pensait qu'à Berthilda et Catogna. Et la dernière phrase de celle-ci, à l'époque de Pandarie.

"Amuse-toi bien avec nos nouveaux amis Marteaux-Hardis! Promis, j'reviens très vite! L'aventure m’appelle avec l'expédition Zuldorado! Berthilda et moi on t'enverra des photos! Et on t'écrira! Repose'toi bien p'tite tonnelette!"

Pffff.

Finalement, la plus aventurière des trois amies Naines, c'était elle, songea Dolwen. Le Nain Grunedaldur l'avait trouvé trop "fragile" avec ses problèmes de santé chroniques... "Pas une aventurière"...

Elle avait bien changé au fil du temps. Grunedaldur, le chef de Zuldorado, aussi, surtout après son crush avec Tarole, sa dernière mercenaire, rencontrée lors de la fête de la bière. Mais ceci est une autre histoire....

Enfin, les trois dames arrivèrent à l'auberge, située dans un endroit peu fréquenté de Thaldrazsus.

Celle-ci était remplie de Dracthyrs, et d'aventurier(e)s de tout horizons.

Alors, où était Nostradamuz?

Nostradamuz, dragon de bronze et par là même protecteur des lignes temporelles, attendait. L'incertitude n'était pas une chose dont il était coutumier, car il pouvait parcourir le temps en long, en large et en travers (peu importe ce que cela signifiait), et il avait, comme ses congénères, la fâcheuse tendance de savoir ce qui allait se produire avant même que les prémices de la choses n'apparaissent.

Mais les temps changent, même pour les dragons de bronze. D'abord, Nozdormu avait sacrifié ses pouvoirs aspectraux lors du combat contre Aile-de-Mort, ce qui avait permis d'empêcher un Cataclysme encore pire que celui que l'ancien Gardeterre avait provoqué en s'évadant du Tréfonds. Ensuite, le vol infini avait recommencé à faire des siennes. Et enfin, des lignes temporelles parallèles se collisionnaient avec la nôtre, provoquant l'ouverture de failles, de portails, de vortex et autres trous de ver, entre des réalités qu'aucun aurait jugé absurdes.

Un monde où la Horde et l'Alliance avait conservé leur inimitié, et combattaient encore jusqu'à l'extermination

Un monde peuplé de murlocs, où même des personnages illustres comme Gamon ou le grand Millhouse Tempête-de-Mana étaient des murlocs.

Des mondes où les pires ennemis affrontés avaient vaincu et façonné Azeroth à leur image : la légion, les dieux très anciens, le Fléau, les trolls, les mogus... Tant d'empires, de menaces, qui, à travers les infinies possibilités du multivers, avaient trouvé un chemin vers la victoire, et qui maintenant risquaient d'envahir notre monde.

Ou des mondes sur le point de succomber, comme cette Azeroth, que le Geôlier était sur le point de drainer de toute vie.

Un monde où le P.R.O.U.T. avait pris les Pitons-du-Tonnerre à Cairn et où Pipiche était chef de paix de la Horde.

Ces menaces, les dragons de bronze les mesuraient pleinement. La structure même du temps en était fragilisée, au point que des aventuriers de tout bord étaient recrutés pour fermer ces failles.

Le temps était venu. Nostradamuz en avait eu le soupçon quand une naine surexcitée avait débarqué chez lui en exigeant de rencontrer les Chronotrotteuses.

Nostradamuz sourit à ce souvenir pas si lointain. Dolwen lui avait révélé ainsi que son plan, qu'il n'avait jamais osé présenter à ses pairs, à savoir former un groupe d'aventuriers triés sur le volet, une équipe de choc, afin de résoudre les problèmes temporels pour soulager les dragons de bronze, que ce plan donc, verrait le jour. Lui-même n'y croyait pas vraiment, c'était plus un rêve, auquel il avait donné ce nom de Chronotrotteurs, ou Chronotrotteuses.  

L'avenir était écrit : les Chronotrotteuses sauveraient une des amies disparues de Dolwen, la moniale Berthilda, ou du moins essayeraient. Mais ces Chronotrotteuses n'existaient pas encore, si  ce n'était dans l’esprit du dragon. Il fallait donc se mettre au travail. Dolwen, impatiente de retrouver ses amies, s’était immédiatement portée volontaire. Les informations qu’elle possédait étaient minces : une taurène et une réprouvée feraient partie un jour de la brigade temporelle. Nostradamuz connaissait déjà Mayawela, cette dernière ayant déjà tenté par le passé de demander l’aide du vol de bronze pour des raisons personnelles. Elle avait finalement fait son deuil en rencontrant l’âme qu’elle souhaitait sauver de la mort, quelque part en Ombreterre. Mais avant celà, elle s’était montrée opiniâtre et inventive, utilisant ses connaissances en ingénierie pour tenter de bricoler un appareil temporel. Nostradamuz voyait en elle une recrue toute trouvée. Dolwen donna son accord, après avoir rencontré la taurène, et surtout après que son ami nain Dur, qui avait été témoin de l’apparition des Chronotrotteuses, ait confirmé une ressemblance certaine avec Mayawella.

Il fallait ensuite trouver le second membre de l’expédition de sauvetage, une réprouvée qui arborait le tabard de la croisade écarlate. Ce détail permit à Nostradamuz d’identifier Ophavia, une paladine tuée par le Roi-Liche, et qui portait ce tabard dans la non-mort par dérision. Et qui surtout était un sujet de conversation parmi les dragons de bronze, depuis qu’il avait été déterminé que Morchie avait tenté de saboter la purge de Stratholme en utilisant cette mort-vivante. Le plan du double infini de Chromie n’avait pas fonctionné, mais avait propulsé la malheureuse Ophavia dans une boucle temporelle, qui commençait à faire des vagues, à la fois parmi les lignes du temps et pour le vol de bronze.

Nostradamuz avait donc envoyé Mayawella extraire Ophavia du paradoxe grandissant. Dolwen, parallèlement, avait une autre mission de sauvetage temporel à effectuer. Si les deux réussissaient, les Chronotrotteuses seraient nées, et l’étape suivante serait d’aller sauver Berthilda et Catogna, les deux amies de Dolwen.

Il y avait toujours la possibilité qu’il s’agisse d’une autre Taurène, ou de la mauvaise réprouvée, et que la mission échoue… C’est pourquoi il attendait, dans l’expectative.

Il entendit du bruit à la porte de l’auberge, et se tourna et il les vit. Un immense poids se libéra de sa poitrine, tandis que ces drôles de dames, les Chronotrotteuses, entraient dans l’auberge pour saluer le dragon.

Voilà qui clôt l’introduction des Chronotrotteuses. La suite bientôt, avec leur première mission !